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Auvergne-Rhône-Alpes : Le voyage au cœur des deux France
En complément de l’analyse prospective présentée dans mon article initial, La Région Auvergne-Rhône-Alpes en chiffres et en profondeur, je propose ici un regard différent. Face à une approche jugée parfois « trop technocratique », mon objectif est de donner de la « chair » et du « relief » aux chiffres. Pour ce faire, mon approche s’inspire des ouvrages collectifs sur les régions de Jean-Claude Boyer et Laurent Carroué. Contrairement à d’autres fusions plus conflictuelles comme dans le Grand Est, celle d’AURA s’est faite dans un calme apparent. Cet article vise à montrer que ce calme cachait des fractures plus profondes.
8 M
d’habitants
278 Mds€
de PIB (≈ Portugal)
2e
puissance éco. de France
1ère
région industrielle
Pourtant, cette puissance cache une dualité profonde. Plantez un compas au cœur de l’Auvergne et tracez un cercle de 150 kilomètres. Vous y trouverez des plateaux et une poignée de villes qui se parlent entre elles. Déplacez ce compas à Lyon et faites de même. Vous dessinerez un arc puissant qui mord sur la Suisse et l’Italie, un corridor où se croisent TGV et autoroutes.
Un mariage politique aux fondations fragiles
En 2016, sous la présidence de François Hollande, les lois MAPTAM et NOTRe ont redessiné la carte de France. Officiellement, la réforme était justifiée par une triple promesse : réaliser des économies budgétaires, simplifier le « millefeuille » administratif, et atteindre une « taille critique » européenne. Mais cette réforme, menée sans grand débat public, fut un processus politique conflictuel où, dans les faits, les jeux de pouvoir entre l’État et les « barons » socialistes régionaux ont souvent primé. En Auvergne, des figures comme René Souchon ont accepté ce « mariage de raison » par défaut, tandis que d’autres, comme Vincent Descœur, y voyaient un risque de marginalisation.
Régions Métrop.
22 ➔ 13
Poids d’AURA
12 Départements
Gauche (avant 2016)
21 / 22
Gauche (après 2016)
5 / 13
Neuf ans après la fusion, ce « mariage de raison » a-t-il fonctionné ? Derrière les chiffres flatteurs d’une super-région, je souhaite décrypter comment les destins distincts des anciennes régions Auvergne et Rhône-Alpes expliquent les fractures et les défis auxquels nous faisont face en 2025. C’est en plongeant dans cette « géographie profonde » que l’on peut véritablement éclairer l’avenir.

À retenir — Sept clés pour comprendre la fracture d’Auvergne-Rhône-Alpes
1. Une fusion sans cohésion
La région AURA superpose deux territoires aux histoires et dynamiques différentes. Le « mariage de raison » de 2016 n’a pas généré d’unité fonctionnelle.
2. Deux modèles de développement
Rhône-Alpes regarde vers Genève et l’Europe ; l’Auvergne cultive la résilience rurale. La fusion ignore ces logiques territoriales divergentes.
3. Un pouvoir économique concentré
83 % de la population et 85 % du PIB sont concentrés dans l’Est. L’Ouest reste marginalisé dans la distribution des investissements et des projets d’avenir.
4. La France des interstices oubliée
Entre Lyon et Clermont, entre Grenoble et Aurillac, des territoires invisibilisés subissent un déclassement fonctionnel et une dilution politique.
5. Une gouvernance verrouillée
Centralisée à Lyon, la région ne dispose que de 15 % de fiscalité modulable. Le pouvoir régional est structurellement faible et déséquilibré.
6. Une fracture civique assumée
Les territoires isolés votent de moins en moins. L’abstention atteint 56 % dans les zones rurales, nourrissant un sentiment d’abandon démocratique.
7. L’urgence d’un polycentrisme actif
La région doit redistribuer ses fonctions : logistique à Valence, innovation rurale à Clermont, transition à Aurillac. La cohésion se décide, elle ne se décrète pas.
Chapitre I : deux mondes, une seule région
Une construction « par le haut » : le mariage forcé
L’échelon régional en France est une création tardive, née d’une « commodité administrative » bien plus que d’une réalité historique ou culturelle. La réforme de 2016, menée sans grand débat public, incarne cette construction « par le haut ». Elle a plaqué une nouvelle logique sur des territoires aux histoires longues et singulières, créant un « improbable rapprochement » entre deux ensembles que peu de choses unissaient. La cicatrice de cette fusion, perçue comme un acte autoritaire, reste aujourd’hui visible.
Rhône-Alpes : un « assemblage de puissances » tourné vers l’Europe
L’ancienne Rhône-Alpes n’était pas un bloc uniforme, mais un « assemblage complexe » de puissances. Son histoire est celle d’un carrefour où dialoguaient le Duché de Savoie, un État souverain jusqu’en 1860, la bourgeoisie marchande de Lyon, au rayonnement continental, et le Dauphiné. Cette culture d’ouverture, nourrie par les flux, a forgé une identité politique habituée aux grands projets et aux échanges internationaux, entretenant une certaine autonomie vis-à-vis de Paris. Ce n’est pas un hasard si cette partie de la région a toujours regardé vers Genève, Turin ou Francfort.
Auvergne : une identité forgée par le massif et la dépendance
L’Auvergne s’est construite différemment. Forgée par l’isolement relatif du Massif Central, son identité est plus rurale, son économie terrienne. L’industrialisation y fut plus tardive et surtout moins diversifiée, marquée par la figure tutélaire de Michelin. Son affirmation en tant qu’entité régionale fut elle-même plus fragile, son territoire étant tiraillé entre l’influence de Paris au nord (Bourbonnais) et celle de Lyon à l’est (Velay). Sa culture politique, plus intérieure, a longtemps été incarnée par le poids des notables locaux et de grandes figures nationales comme Valéry Giscard d’Estaing.
Des identités culturelles et linguistiques enracinées
Au-delà des histoires politiques, la carte de la région révèle une mosaïque culturelle encore plus profonde, celle des langues régionales. Loin d’être anecdotiques, ces héritages linguistiques, souvent regroupés sous le terme générique de « patois », dessinent les contours d’aires culturelles bien plus anciennes que les départements.
À l’ouest et au sud : l’aire de la langue d’oc
La majeure partie de l’ex-Auvergne ainsi que le sud de la Drôme et de l’Ardèche s’inscrivent dans l’aire de l’occitan, avec des variantes fortes comme l’auvergnat ou le vivaro-alpin.
À l’est et au centre : l’aire du francoprovençal
Le cœur de l’ancienne Rhône-Alpes appartient à l’aire du francoprovençal (ou arpitan), qui se décline en dialectes comme le savoyard, le lyonnais ou le forézien.
Bien que minoritaires, ces identités font l’objet d’une reconnaissance politique, comme en témoigne la « charte de coopération […] pour le développement de la langue arpitane ». Elles prouvent que la fusion a non seulement uni deux histoires politiques, mais a aussi superposé deux grandes aires linguistiques qui continuent de façonner les identités locales.



Chapitre II : la géographie du pouvoir et de l’argent
Pour comprendre la fracture de 2025, il ne suffit pas de regarder les cartes électorales. Il faut lire la carte physique. La géographie, ici plus qu’ailleurs, a dicté les destins. Elle a tracé les autoroutes de la richesse et les sentiers de la résilience. Je vous emmène sur le terrain, là où le relief et le climat expliquent l’économie.
Le sillon rhodanien : l’autoroute de l’Europe
L’axe Rhône-Saône n’est pas une simple vallée, c’est un « privilège européen exceptionnel ». Ce couloir multimodal a permis à Lyon de devenir un carrefour incontournable. Ici, deux grands bassins versants se tournent le dos : la Loire et son affluent l’Allier irriguent l’ouest vers l’Atlantique, tandis que le Rhône file plein sud vers la Méditerranée. Entre ces axes, des espaces de plaine comme la Bresse, la Dombes ou la plaine du Forez ont fixé l’activité, bénéficiant d’un climat qui glisse du continental au nord à des influences déjà méditerranéennes au sud de Valence. C’est dans ce couloir que l’histoire et l’économie se sont engouffrées, concentrant aujourd’hui une part écrasante de la puissance régionale.
83%
de la population de la région vit le long de cet axe et dans les Alpes.
85%
du PIB régional y est généré, concentrant la création de richesse.
90%
des cadres et professions intellectuelles supérieures y travaillent.
La densité y est le maître mot : densité de population, d’infrastructures et d’industries (chimie, nucléaire, logistique). Mais cette concentration a un coût : saturation, pression foncière et creusement des inégalités.
Les alpes et le jura : de l’or blanc à l’or gris
Les Alpes ne sont pas une périphérie. Elles sont une usine. Leurs « profondes vallées accessibles » ont transformé ce qui aurait pu être une barrière en un espace de circulation et d’innovation. Le climat montagnard, avec son enneigement abondant, a été la ressource première de « l’or bleu » (hydroélectricité, 39% du national), de « l’or blanc » (ski, 74% de la fréquentation nationale), et a favorisé l’émergence de « l’or gris » (technologie). Grenoble est une technopole mondiale, et la vallée de l’Arve, un modèle de « district industriel » avec ses 600 PME du décolletage*, ces « FTN de poche »** qui exportent 42% de leur production.
L’or blanc en chiffres
74%
du chiffre d’affaires du ski français, confirmant une position de leader mondial.
3,5 Mds €
de retombées annuelles directes pour les territoires alpins.
120,000
emplois saisonniers qui structurent l’économie des hautes vallées.
+2,3°C
de réchauffement moyen observé dans les Alpes, le défi majeur du modèle.
* Décolletage : Procédé d’usinage de très haute précision pour fabriquer des petites pièces métalliques complexes (vis, axes, connecteurs…) destinées aux industries de pointe comme l’horlogerie, l’automobile ou le médical. Le terme n’a aucun rapport avec le textile.
** FTN de poche : Expression désignant une « Firme Transnationale de poche ». Il s’agit d’une PME (Petite et Moyenne Entreprise) qui, malgré sa taille réduite, est un leader mondial sur une niche technologique et exporte une part majeure de sa production.
Ce modèle, fondé sur un climat et une énergie longtemps considérés comme acquis, est aujourd’hui en première ligne face au changement climatique.
Le massif central : la force tranquille de la résilience
Traverser les monts du Forez, c’est changer de monde. Ici, le relief volcanique des Monts Dore (1,886 m) et des Monts du Cantal (1,855 m) a longtemps signifié l’enclavement. Son climat rigoureux, avec des hivers longs et des précipitations abondantes, en a fait le « château d’eau de la France », mais a aussi dicté un modèle économique fondé sur un élevage robuste et extensif. L’Ouest n’a pas la puissance de l’Est, mais il a développé un autre modèle, fondé sur la résilience.
L’Auvergne autrement
23
AOP laitières, un record français qui ancre l’économie dans le terroir.
12%
de l’agriculture biologique nationale, une spécialisation vers un modèle durable.
68%
d’énergies renouvelables dans son mix, un atout pour la transition.
-18%
de revenus moyens par rapport à la métropole lyonnaise, le reflet de la fracture économique.
« `On nous explique qu’il faut produire local et préserver l’environnement`, s’amuse un fromager du Cantal. `Mais nous, on fait ça depuis toujours. C’est vous, dans les métropoles, qui découvrez.` »
La question pour ce territoire n’est pas de rattraper l’Est, mais d’inventer sa propre voie de développement, en transformant ses contraintes climatiques et géographiques en atouts pour un monde en quête de durabilité.
Chapitre III : le grand déséquilibre
Le mariage de 2016 a été célébré, mais les époux vivent dans des maisons séparées. Neuf ans plus tard, la fusion n’a pas créé de cohésion ; elle a institutionnalisé la fracture. L’héritage de ces deux histoires se lit aujourd’hui dans les budgets, les cartes électorales et le moral des territoires. C’est ici que l’analyse devient politique.
Quand la décentralisation concentre le pouvoir
L’ironie de l’histoire est cruelle : la décentralisation, pensée pour rééquilibrer les territoires, a en réalité renforcé les pôles les plus puissants. Le géographe Jean-Claude Boyer l’avait pressenti : « Donner plus de pouvoirs aux régions, c’est courir le danger que les plus riches […] se développent plus rapidement ». Auvergne-Rhône-Alpes en est l’illustration parfaite. Les investissements d’avenir, comme ceux du plan France 2030, suivent logiquement la puissance économique et les infrastructures de recherche.
La concentration des moyens (2016‑2025)
71%
des crédits France 2030 captés par le seul département de l’Isère.
+25%
d’écart de revenu médian entre le département du Rhône et celui du Cantal.
+62%
de hausse des investissements publics régionaux pour les territoires de l’Est, contre seulement +9% pour l’Ouest.
Le résultat est mécanique : Lyon et Grenoble attirent les talents et les projets, tandis que l’Auvergne se retrouve dans une position de rattrapage permanent.
L’angle mort de la fusion : la France des interstices
Entre la métropole lyonnaise et le Massif central, entre Grenoble et Clermont, se déploie une France intermédiaire que les récits dominants négligent. Ni périphérie rurale, ni centre métropolitain, ces zones charnières incarnent la géographie oubliée de la nouvelle région.
Ces territoires qui n’appartiennent à personne
Prenons la Loire : héritière d’un passé industriel riche, mais aujourd’hui reléguée à une position ambiguë. Saint-Étienne, pôle d’innovation reconnu, peine à s’imposer dans l’ombre de Lyon. Le Nord de la région — Allier, Nord-Isère, Bresse — est coincé entre plusieurs logiques. Ces territoires cumulent souvent les handicaps : desservis par les réseaux, mais exclus des flux ; proches des centres, mais loin des décisions. Ils souffrent d’un effet de dilution et d’un abandon fonctionnel.
Trois géographies de l’abandon
Loin d’être homogène, la « France des interstices » se décline en trois figures territoriales, chacune confrontée à des formes spécifiques d’invisibilité :
- Les villes moyennes déclassées : Saint-Étienne, Aurillac, Le Puy. Anciennes préfectures dynamiques, elles ont vu leur rôle stratégique décliner avec la montée en puissance des métropoles. Leur tissu économique résiste, mais leur poids décisionnel s’effondre.
- Les marges entre les flux : Nord-Isère, Bresse, Roannais. Situées à proximité des grands axes mais sans en bénéficier pleinement, elles incarnent le paradoxe de l’accessibilité sans centralité. Ces territoires sont dans les réseaux, mais hors des décisions.
- Les contributeurs invisibles : Haute-Savoie, Savoie. Fortement intégrées économiquement (transfrontalier, industrie), elles apportent beaucoup à la richesse régionale, mais leur influence politique reste marginale. Ce sont les moteurs silencieux d’un système qui les ignore symboliquement.
La colonne vertébrale invisible : le réseau des villes moyennes
La fusion a renforcé l’hypercentralité lyonnaise. Pourtant, le tissu régional repose sur une maille plus fine, structurée par des villes comme Annecy, Valence, Bourg-en-Bresse, ou Aurillac et Le Puy. Ces villes devraient former un maillage polycentrique équilibré. Or, elles sont souvent traitées comme de simples relais d’exécution. Le problème n’est pas leur taille, mais leur déclassement fonctionnel dans un modèle régional trop verticalisé.
Une autonomie en trompe-l’œil : les limites du pouvoir régional
Cette incapacité à corriger les déséquilibres s’explique aussi par une contrainte structurelle : la faiblesse du pouvoir régional en France. Malgré sa puissance économique, la Région AURA ne dispose que de leviers limités.
Un budget sous contrainte
11%
des recettes des collectivités locales seulement sont perçues par les Régions.
15%
de la fiscalité régionale est réellement modulable, le reste étant fixé par l’État.
41%
du budget régional provient des dotations de l’État, créant une forte dépendance.
La Région a donc peu de marges pour mener une politique ambitieuse de rééquilibrage. De plus, l’ex-Rhône-Alpes était déjà une région « contributive » nette à la péréquation nationale. Cette situation pose la question de la solidarité : comment financer le rattrapage de l’Ouest quand les richesses de l’Est sont déjà ponctionnées pour d’autres territoires ?
Un pouvoir régional concentré dans un triangle restreint
Au-delà des limites budgétaires, c’est la géographie même du pouvoir qui interroge. À rebours des ambitions de maillage équilibré, les fonctions stratégiques — agences régionales, pôles de compétitivité, centres de décision — sont massivement concentrées dans un triangle Lyon–Grenoble–Annecy. Loin de rééquilibrer, cette concentration produit un effet centrifuge : les villes de l’Ouest deviennent de simples points d’exécution, tandis que l’Est capitalise les moyens et les réseaux. La localisation du pouvoir n’est pas neutre ; elle façonne l’accès aux aides et, in fine, au développement.
La fracture civique : quand les territoires ne votent plus
Les inégalités territoriales et le sentiment d’abandon se transforment inévitablement en fracture civique. Le retrait du jeu démocratique est le symptôme le plus visible de cette déconnexion.
d’abstention moyenne
dans les communes rurales isolées
d’abstention moyenne
dans la métropole de Lyon
« `À quoi ça sert de voter pour une région qu’on ne voit jamais ?` », m’a interpellé une commerçante d’Aurillac. « `Ils sont tous à Lyon, ils décident pour Lyon. Nous, on subit.` »
Auvergne-Rhône-Alpes : Une fusion, des fractures
Contre les idées reçues sur une « réussite » régionale
Idée reçue n°1 : La richesse profite à tous
PIB / habitant (2023)
41,200 € (Rhône)
27,800 € (Puy-de-Dôme)
Croissance emploi (15-22)
+11,4 % (Métro Lyon)
+1,2 % (Hautes Terres)
Conclusion : La dynamique métropolitaine n’irrigue pas le reste du territoire.
Idée reçue n°2 : Tous les territoires sont connectés
Couverture 4G (sites, 2024)
96 % (Rhône)
63 % (Cantal)
Temps de trajet (Train)
2h00 (Lyon–Paris, 460km)
2h15 (Clermont–Lyon, 170km)
Conclusion : Le modèle de centralité ignore les marges. L’interconnexion reste très inégale.
Idée reçue n°3 : La croissance régionale se fait au détriment des villes moyennes
St-Étienne
-12 %
emplois indus. (depuis 2010)
Aurillac
-7 %
pop. active (2015–2023)
Annecy vs Le Puy
8x plus
d’invest. régional (2023)
Conclusion : La hiérarchie urbaine s’est durcie. Les villes intermédiaires sont les oubliées de la stratégie régionale.
Idée reçue n°4 : La culture locale est secondaire
Élèves en langues régionales
9,6 % (Clermont)
vs 2,3 % (Lyon)
Associations occitanes
400+
actives en Auvergne
Conclusion : La culture locale n’est pas anecdotique. C’est un moteur de lien social et de mobilisation.
Idée reçue n°5 : Le modèle auvergnat freine l’innovation
Bio
16,1 %
exploitations (Allier)
Solaire
2e rang
national/hab (Hte-Loire)
Startups
+28 %
à Clermont (Agritech)
Conclusion : L’innovation existe hors des métropoles, mais elle reste sous-financée et sous-valorisée.
Épilogue : l’avenir à réinventer
Le voyage au cœur d’Auvergne-Rhône-Alpes se termine, mais la réflexion commence. Ce que j’ai vu sur le terrain, ce n’est pas une simple addition de provinces, mais bien un laboratoire de la France future, avec ses promesses et ses périls. La réussite de cette région dépendra de sa capacité à transformer ses contrastes, hérités de l’histoire et de la géographie, en de véritables complémentarités.
Réfléchir à la gouvernance, c’est aussi relire la carte urbaine. Pourquoi ne pas confier à Valence un rôle dans la logistique durable de la vallée ? Pourquoi Annecy n’est-elle pas associée à une politique transfrontalière alpine cohérente ? Pourquoi Aurillac ou Le Puy ne pourraient-elles pas devenir des laboratoires de la transition rurale, avec un budget dédié ? Ces villes ont la légitimité et les réseaux ; il ne leur manque qu’un cap politique.
Que la puissance de l’Est irrigue la résilience de l’Ouest, et que la qualité de vie de l’Ouest inspire à l’Est un modèle plus durable.
Car les complémentarités existent. Quand Lyon s’interroge sur la congestion et la sobriété, l’Auvergne expérimente déjà des solutions. Quand l’Auvergne cherche des débouchés et de l’innovation, Lyon possède les réseaux et les laboratoires.
La cohésion n’est pas un héritage ; c’est un choix politique. Un choix qui reste à faire.
Sources et bibliographie sélective
Cette analyse s’appuie sur le croisement de données institutionnelles, de travaux universitaires et d’entretiens menés sur le terrain.
- Boyer, Jean-Claude (dir.). La France, les 26 régions (Ouvrage de référence pour l’analyse historique pré-fusion).
- Carroué, Laurent (dir.). La France des 13 Régions (Pour le contexte de la réforme de 2016 et l’analyse post-fusion).
- SAPERE. Mon article initial (2025) : La Région Auvergne-Rhône-Alpes en chiffres et en profondeur, une lecture territoriale complète.
- INSEE Auvergne‑Rhône‑Alpes. Portrait de territoire (2024) et publications thématiques.
- Ministère de l’Économie. France 2030, Suivi régional (Données 2025).




