Le roi Fréderick X de Danemark
Mette Frederiksen, chef de gouvernement
Danemark : quand le consensus devient méthode de gouvernement

Une série d’analyses sur les régimes politiques et les dynamiques de gouvernement en Europe.

Danemark : quand le consensus devient méthode de gouvernement

Le Danemark cultive une véritable culture du consensus. Cela ne signifie pas qu’il évite les désaccords, mais qu’il les transforme en leviers d’action collective. Trois ans après la formation de la grande coalition de 2022, ce modèle a tenu ses promesses de stabilité sans effacer les tensions idéologiques. Entre efficacité technocratique et effacement des clivages, le « compromis danois » interroge désormais moins sa viabilité que son sens : comment concilier performance gouvernementale et vitalité démocratique ?

Le système politique danois

Le Folketing compte 179 sièges élus à la proportionnelle avec un seuil de 2 %. Cette règle favorise le multipartisme (12 partis en 2022) et rend les coalitions indispensables. Mais la fragmentation croissante transforme le compromis en nécessité mécanique plus qu’en choix programmatique.

Les forces en présence (opposition)

  • Alliance libérale (I) : 7,9 %, 14 sièges – plateforme pro-entreprises.
  • Démocrates danois (Æ) : 8,1 %, 14 sièges – droite identitaire.
  • Parti populaire socialiste (SF) : 8,3 %, 15 sièges – gauche verte et pro-UE.
  • Liste de l’Unité (Ø) : 5,1 %, 9 sièges – gauche radicale, critique de l’OTAN.

Les forces politiques en mouvement

L’effondrement du Parti populaire danois (21,1 % en 2015 → 2,6 % en 2022) illustre la fin d’un cycle populiste. Ses électeurs ont migré vers les Démocrates danois et l’Alliance libérale. Contrairement à l’Allemagne, la coalition centriste n’a pas fait monter les extrêmes : les Démocrates danois stagnent entre 7 et 9 %.

Bilan de la coalition 2022–2025

Trois ans après sa formation, la coalition menée par Mette Frederiksen (sociaux-démocrates, Venstre et Modérés) a confirmé la solidité du système danois. La discipline budgétaire, la réforme du marché du travail et la gestion énergétiques ont consolidé le modèle nordique, tout en révélant une tension croissante entre gouvernance technocratique et expression populaire. L’opposition, fragmentée, n’a pas réussi à incarner une alternative cohérente, mais l’usure du consensus se manifeste par une abstention en légère hausse et un regain de débat identitaire.

Analyse : consensus ou évidement politique ?

Le consensus danois produit des résultats tangibles, mais à quel prix ? L’effacement des clivages risque de vider la politique de son sens. Contrairement à l’Allemagne où la « GroKo » a renforcé les extrêmes, le Danemark maintient la stabilité — mais une stabilité peut-être devenue sa propre fin.

Conclusion

Le modèle danois continue de fasciner par son efficacité et sa capacité d’équilibre. Mais à mesure que la technocratie remplace le conflit démocratique, la question se déplace : le consensus est-il encore un idéal ou seulement une habitude nationale ?


En savoir plus sur SAPERE

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Laisser un commentaire

Retour en haut

En savoir plus sur SAPERE

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Poursuivre la lecture