Henry II :

Roi de tout, père de rien

Le 6 juillet 1189, dans la forteresse de Chinon, ces mots s’échappent des lèvres d’Henry II Plantagenêt. Là s’éteint l’architecte de l’un des empires les plus vastes d’Europe. Comment celui qui avait unifié la moitié de la France sous la couronne anglaise a-t-il pu mourir dans l’abandon ? Pour comprendre cette chute vertigineuse, il faut remonter trente-cinq ans plus tôt, quand un jeune homme de vingt et un ans montait sur le trône d’un royaume déchiré, portant en lui les rêves d’un empire.

L'héritier du chaos (1154)

La fin de l’Anarchie

Quand Henry monte sur le trône le 19 décembre 1154, l’Angleterre sort de dix-neuf ans de guerre civile – cette « Anarchie » qui avait opposé son oncle Étienne de Blois (r. 1135-1154) à sa mère Mathilde l’Emperesse pour la succession d’Henry Ier (r. 1100-1135). Le royaume saigne encore de cette guerre fratricide où les barons ont changé de camp selon leurs intérêts, où les châteaux se sont multipliés comme des champignons vénéneux.

Comprendre : L’anarchie anglaise

1135 – 1154


Le problème successoral

À la mort du roi Henry Ier en 1135, l’Angleterre est face à une crise. Son unique héritier mâle légitime étant décédé, le roi avait fait jurer à ses barons de soutenir sa fille, Mathilde l’Emperesse. Cependant, son neveu, Étienne de Blois, traverse la Manche, s’empare du trésor royal et se fait couronner, arguant qu’une femme ne peut régner. La promesse est rompue, la crise est ouverte.


La guerre civile (« L’anarchie »)

Pendant près de deux décennies, le royaume sombre dans le chaos. Cette période voit les partisans d’Étienne et de Mathilde s’affronter sans relâche. L’autorité royale s’effondre, les barons changent d’allégeance au gré de leurs intérêts et construisent des centaines de châteaux non autorisés, terrorisant les campagnes.


La solution négociée

Épuisés par la guerre, les deux camps acceptent une issue. Le Traité de Wallingford (1153) est un compromis : Étienne reste roi jusqu’à sa mort, mais il doit adopter et reconnaître comme son héritier légitime le fils de Mathilde, le jeune Henry Plantagenêt. L’anarchie prend fin, et la couronne est promise à un nouveau lignage.

Un empire par mariage

Fils de Geoffroy V d’Anjou et de Mathilde l’Emperesse, Henry naît le 5 mars 1133 au Mans – cette ville qui deviendra le symbole de sa grandeur et de sa chute. En 1151, il réalise le coup de génie diplomatique du siècle en épousant Aliénor d’Aquitaine (duchesse r. 1137-1204), fraîchement divorcée de Louis VII de France (r. 1137-1180).

D’un seul coup de dés matrimonial, Henry transforme le puzzle européen. Il ne règne plus sur un simple royaume mais sur un empire éclaté : l’Angleterre, la Normandie, l’Anjou, l’Aquitaine, le Maine, la Touraine, la Gascogne. L’Empire Plantagenêt s’étire de Douvres aux Pyrénées – bien plus vaste que les domaines du roi de France, mais fragile mosaïque tenue par la seule volonté royale.

Comparatif : Empire Plantagenêt vs Royaume de France

Estimations au XIIe siècle

L’Empire Plantagenêt

Superficie (Total)

~500 000 km²

Plus vaste mais moins unifié, un ensemble de territoires allant de l’Angleterre aux Pyrénées.

Population (Total)

7 à 10 millions

Une population importante mais dispersée sur des terres hétérogènes.

Le Royaume de France

Superficie (Total)

~450 000 km²

Le domaine royal direct est bien plus petit (~60 000 km²), mais le royaume est plus cohérent.

Population (Total)

16 à 17 millions

La plus grande puissance démographique d’Europe, avec une forte densité rurale.

Note : Tous les chiffres sont des estimations basées sur la recherche historique contemporaine, les recensements précis n’existant pas à l’époque.

Le roi tempête

Dès son arrivée, Henry déploie une énergie qui stupéfie ses contemporains. Il rase les châteaux « adultérins » construits sans autorisation, comme un jardinier arrache les mauvaises herbes. Ce roi court d’un bout à l’autre de ses possessions et ses sujets l’appellent déjà « le roi tempête » tant sa présence électrise ou terrorise.

L'inventeur de la justice moderne (1154-1176)

Henry ne se contente pas de régner : il révolutionne. Là où d’autres voient un amas de territoires disparates, lui forge une machine administrative d’une modernité saisissante. Sa vraie conquête se joue dans les tribunaux avec l’invention du « Common Law » – une justice royale uniforme qui balaie les particularismes locaux.

Par les Assises de Clarendon (1166) et de Northampton (1176), il démonte l’ancien monde féodal pièce par pièce. Les « justiciers itinérants » sillonnent l’Angleterre, appliquant partout les mêmes règles. Il instaure les prémices du juryces groupes de citoyens chargés d’établir les faits et de rendre des verdicts, révolution qui retire aux seigneurs locaux le monopole de la justice.

En rendant sa justice plus fiable et accessible que celle des barons, Henry ne fait pas que renforcer son autorité : il invente l’État moderne. Cette « loi commune » lui survivra, traversera les siècles, et deviendra le socle du droit anglo-saxon jusqu’à nos jours.

Le drame de Cantorbéry (1162-1170)

L’ami devenu martyr

Henry commet alors l’erreur qui ternira à jamais son règne. Pour contrôler l’Église, il nomme en 1162 son chancelier Thomas Becket archevêque de Cantorbéry. Il croit placer un allié ; il réveille un fauve. L’ancien compagnon de fêtes se métamorphose en défenseur intransigeant des privilèges ecclésiastiques.

COMPRENDRE  : Les privilèges ecclésiastiques au XIIe siècle

 L’immunité judiciaire : Les clercs accusés de crimes relèvent des tribunaux ecclésiastiques, plus cléments, et non de la justice royale. Un prêtre meurtrier échappe ainsi à la pendaison.


L’autonomie financière : L’Église perçoit ses propres taxes (dîmes, offrandes) et conteste le droit royal de lever des impôts sur ses biens. En Angleterre, l’Église possède près d’un tiers des terres du royaume, générant d’immenses revenus qui échappent au contrôle royal.


L’indépendance politique : Les évêques et abbés, grands propriétaires terriens, revendiquent leur obéissance directe au pape plutôt qu’au roi.

Les Constitutions de Clarendon (1164) visent à briser ces privilèges, mais Becket refuse tout compromis. Après son exil en France et une réconciliation de façade en 1170, la tension explose définitivement. Excédé, Henry prononce la phrase qui le hantera : « N’y aura-t-il personne pour me débarrasser de ce prêtre turbulent ? »

Le 29 décembre 1170, quatre chevaliers prennent la phrase au mot et assassinent l’archevêque dans sa propre cathédrale. Le scandale ébranle l’Europe chrétienne.

Miniature de l'assassinat de Thomas Beckett - vers 1250 - Walters Art Museum Baltimore

La pénitence du roi

Thomas, rapidement canonisé en 1173, devient un martyr. Henry doit faire pénitence publique en 1174, se faisant fouetter sur la tombe de celui qu’il appelait jadis « mon Thomas ». Cette humiliation politique révèle une vérité cruelle : même le plus puissant des rois peut être brisé par la force du sacré.

Mais si Henry parvient à dompter l’Église par la pénitence, il ne soupçonne pas encore que sa plus grande épreuve viendra de son propre foyer. Car l’homme qui a su mater les barons rebelles va découvrir qu’il est une chose qu’aucun roi ne peut vraiment contrôler : sa famille.

La malédiction des Plantagenêt (1173-1189)

La reine de tous les dangers

Aliénor d’Aquitaine incarne tout ce que Henry admire et redoute. Cette femme qui a divorcé d’un roi de France pour épouser un futur roi d’Angleterre ne se contente pas du rôle de reine décorative. Duchesse dans l’âme, elle supporte mal la marginalisation politique que lui impose progressivement son époux.

Leurs tempéraments de feu s’entrechoquent, les infidélités royales creusent un fossé infranchissable. Aliénor, bafouée, reporte toute son ambition sur leurs fils : Henry le Jeune (co-roi r. 1170-1183), Richard, Geoffrey et Jean. Elle transforme ses enfants en armes contre leur père.

L’empire en feu : la Grande Révolte de 1173

En 1173, l’inimaginable se produit. Excédés de n’avoir que des titres sans pouvoir réel, les trois aînés embrasent simultanément l’empire. Cette coalition soulève l’Aquitaine (avec Richard), la Bretagne (avec Geoffrey) et une partie de l’Angleterre (avec Henry le Jeune), tandis qu’Aliénor coordonne la rébellion depuis Poitiers et que Louis VII de France attaque la Normandie.

Cette Grande Révolte révèle la fragilité mortelle d’un empire fondé sur les liens familiaux. Henry mate militairement la rébellion avec un génie tactique qui force l’admiration, mais le prix politique est immense : il emprisonne Aliénor pour quinze ans et pardonne à ses fils sans jamais retrouver leur amour.

Le génie tactique d’Henry II

Face à la grande révolte (1173-1174)

Contexte de la révolte

Une coalition sans précédent (ses fils, Aliénor, barons, rois de France et d’Écosse) se dresse contre lui, menaçant l’existence même de l’Empire Plantagenêt.

Mobilité et Rapidité

Il parcourt ses territoires à une vitesse stupéfiante, apparaissant là où on ne l’attend pas pour déstabiliser les rebelles et coordonner ses défenses.

Opérations décisives

Il isole et frappe les points faibles, reprenant les places fortes en Angleterre et capturant le roi d’Écosse à Alnwick, une victoire qui brise le front nord.

Leadership personnel

Présent sur le terrain, il dirige les opérations en personne, inspirant la loyauté et utilisant la diplomatie pour diviser la coalition adverse.

Conséquences : Victoire totale

En moins de deux ans, la révolte est écrasée. Ses fils sont soumis, Aliénor emprisonnée. L’autorité d’Henry II est restaurée et sa réputation de grand stratège est établie dans toute l’Europe.

« Par sa rapidité de mouvement, sa capacité à frapper là où on l’attend le moins et son habileté à diviser ses adversaires, Henry II a démontré un génie tactique qui force l’admiration, même chez ses ennemis. »

La couvée de vipères

Les années suivantes alternent trahisons et réconciliations dans un ballet macabre. Henry le Jeune meurt en 1183 en pleine rébellion, Geoffrey périt en 1186 lors d’un tournoi à Paris. Restent Richard – désormais héritier légitime mais rongé par la méfiance – et Jean, le préféré du père. Cette préférence paternelle attise la rivalité fraternelle et offre au roi de France une faille béante à exploiter.

La « couvée de vipères », comme Henry appelle amèrement ses fils, n’a pas dit son dernier mot.

L'hallali final (1189)

Le fils contre le père

Philippe Auguste (r. 1180-1223) possède le génie machiavélique qui manquait à son père Louis VII. Il excelle à souffler sur les braises familiales Plantagenêt et réussit le tour de force de transformer Richard Cœur de Lion en allié contre son propre père.

Au printemps 1189, cette alliance contre nature passe à l’offensive avec une brutalité qui surprend Henry. Malade, vieillissant, le vieux roi découvre que ses propres vassaux l’abandonnent. Le Mans – sa ville natale – tombe, puis Tours. L’Anjou qui l’a vu naître bascule dans le camp de son fils rebelle.

La liste de la honte

Contraint à la reddition à Ballan-Miré le 4 juillet 1189, Henry doit accepter l’humiliation suprême : se reconnaître vassal de Philippe Auguste et désigner Richard comme seul héritier. Mais le coup de grâce vient d’ailleurs.

Quand on lui remet la liste des seigneurs qui ont rejoint la coalition, Henry y découvre, en tête, le nom de Jean – son préféré, celui pour qui il avait sacrifié tant de choses. Cette trahison ultime brise ce qui reste de son cœur de père et de roi.

L’agonie du lion

« Maintenant, que tout aille comme il plaira, je n’ai plus souci de moi ni de rien au monde », murmure le roi brisé. Transporté dans son château de Chinon – celui d’où il était parti conquérir le monde -, il agonise deux jours, rongé par la dysenterie et le désespoir.

Dans cette forteresse où il avait si souvent rêvé d’empire, Henry maudit ses « bâtards » de fils qui lui ont tout pris. Le 6 juillet 1189, le grand roi s’éteint dans la solitude, dépouillé par ses propres serviteurs, avant d’être transporté à Fontevraud pour sa dernière demeure.

L'héritage brisé, l'empreinte éternelle

Un legs institutionnel révolutionnaire

Henry II laisse un héritage paradoxal. Ses réformes judiciaires et administratives posent les bases de la monarchie anglaise moderne. Le Common Law qu’il a créé traverse les siècles et influence encore aujourd’hui le droit dans l’ensemble du monde anglo-saxon. Mais l’affaire Becket trace aussi le chemin vers la Magna Carta (1215) : l’échec à soumettre totalement l’Église préfigure les futures limitations constitutionnelles du pouvoir royal qui feront la singularité de l’Angleterre.

L’effondrement géopolitique et la revanche capétienne

Sa mort précipite l’éclatement de l’Empire Plantagenêt selon un scénario qu’il avait lui-même écrit. Richard Cœur de Lion (r. 1189-1199), obsédé par la croisade, néglige l’administration et dilapide le trésor royal dans ses aventures orientales. Jean sans Terre (r. 1199-1216) achève le désastre : en 1204, la Normandie tombe aux mains de Philippe Auguste, suivie de l’Anjou et du Poitou.

Cette désintégration redessine durablement l’équilibre européen. L’Angleterre et la France prennent des chemins définitivement séparés, la monarchie capétienne s’affirme comme puissance dominante face à une Angleterre repliée sur son île. Le rêve d’un empire atlantique unifié sous la couronne anglaise s’effondre, mais paradoxalement, cette défaite continentale force l’Angleterre à développer son originalité institutionnelle et maritime.

Le regard des historiens sur Henry II


L’Image Médiévale

Les chroniqueurs (Giraud de Barri, Geoffroy de Vigeois) dressent un portrait contrasté : génie administratif mais roi « maudit » par l’affaire Becket. Les chroniques monastiques insistent sur sa fin tragique.


L’École Whig (XIXe s.)

Des historiens comme William Stubbs font d’Henry II un précurseur de la démocratie parlementaire, exaltant ses réformes constitutionnelles et minimisant ses échecs familiaux.


L’Historiographie Française

Achille Luchaire et Ferdinand Lot voient en lui l’artisan d’un « premier empire colonial » voué à l’échec face à la supériorité capétienne.


L’Approche Moderne

Warren Hollister et John Gillingham nuancent le portrait, révélant un souverain « européen », précurseur de l’État bureaucratique.


Le Débat Contemporain

Les historiens actuels s’interrogent sur sa modernité : révolutionnaire institutionnel ou simple héritier des traditions carolingiennes ? Bâtisseur d’empire ou roi « médiéval » victime de sa famille ?

La tragédie universelle du pouvoir

Henry II incarne tous les paradoxes du pouvoir : génie politique et père défaillant, bâtisseur d’institutions et destructeur de sa propre famille, visionnaire et aveugle. Son histoire illustre une vérité éternelle : les empires les plus puissants portent en eux les germes de leur propre destruction, et il n’est de blessure plus profonde que celle infligée par son propre sang.

Même les plus grands rois peuvent mourir dans l’abandon. Henry II Plantagenêt en fut l’illustration tragique – roi bâtisseur et père déchu -, emportant dans sa tombe un empire qui s’étendait de la Tamise aux Pyrénées. Son legs perdure dans les institutions qu’il a forgées, mais son histoire demeure un avertissement universel : le pouvoir absolu peut tout conquérir, sauf le cœur de ceux qu’on aime.

1066 Octobre 14 – Début du règne de Guillaume le Conquérant

Il est proclamé roi d’Angleterre après sa victoire à Hastigs, fondant ainsi la dynastie normande qui règnera jusqu’en 1154.

1100 Août 5 – Début du règne de Henry 1er d’Angleterre

Il est le dernier fils de Guillaume le Conquérant. Père de Mathilde l’Emperesse, il tente d’imposer sa fille comme héritière légitime.

1120 Novembre 25 – Tragédie de la Blanche-Nef

La mort de Guillaume Adelin, unique fils légitime d’Henry Ier, plonge l’Angleterre dans une crise de succession.

1135 Décembre 1 – Usurpation d’Étienne de Blois

À la mort d’Henry 1er, son neveu Étienne se fait couronner roi malgré les serments faits à Mathilde. Début de l’Anarchie (1135–1153).

1133 Mars 5 – Naissance d’Henry II

Fils de Mathilde l’Emperesse et de Geoffroy V d’Anjou, fondateur de la lignée des Plantagenêt.

1151 – Mariage avec Aliénor d’Aquitaine

Le jeune Henry obtient par ce mariage le contrôle d’un immense territoire allant de l’Angleterre au sud-ouest de la France.

1154 Décembre 19 – Couronnement d’Henry II

Fin de l’Anarchie. Henry II Plantagenêt devient roi d’Angleterre à 21 ans, posant les bases d’une dynastie angevine qui régnera jusqu’en 1485.

1162 – Nomination de Thomas Becket comme archevêque

Début d’un conflit frontal entre pouvoir royal et autorité ecclésiastique.

1170 Décembre 29 – Assassinat de Thomas Becket

Becket est tué dans la cathédrale de Cantorbéry. Scandale religieux majeur dans toute la chrétienté.

1173 – Grande Révolte des fils d’Henry

Soutenus par Aliénor et Louis VII, les fils du roi se retournent contre leur père. Premiers craquements dans l’édifice Plantagenêt.

1183 – Mort d’Henry le Jeune

Le fils co-roi meurt en rébellion, sans jamais avoir exercé le pouvoir.

1186 – Mort de Geoffrey

Le troisième fils meurt lors d’un tournoi à Paris. Son fils Arthur deviendra une figure tragique de la succession Plantagenêt.

1189 Juillet 4 – Reddition d’Henry à Ballan-Miré

Il accepte Richard comme héritier. Il découvre que son fils préféré, Jean, l’a trahi.

1189 Juillet 6 – Mort d’Henry II à Chinon

Le roi meurt à l’âge de 56 ans trahi et abandonné. Il est inhumé à Fontevraud aux côtés de ses descendants.

1189 – Début du règne de Richard Ier (Richard Cœur de Lion, r. 1189–1199)

Guerrier charismatique, il passe la majeure partie de son règne en croisade. L’administration de l’empire est négligée.

1199 – Début du règne de Jean sans Terre (r. 1199–1216)

Dernier fils d’Henry II. Il perd la Normandie, le Poitou et le Maine, entraînant l’effondrement de l’empire Plantagenêt en France.

1200 – Pontificat du pape Innocent III (r. 1198–1216)

Innocent III incarne l’apogée de la papauté médiévale. Il excommuniera Jean sans Terre en 1209 au sommet du conflit avec Rome.

1204 – Perte de la Normandie

Philippe Auguste s’empare des possessions continentales de Jean. Le rêve d’un empire atlantique s’effondre définitivement.

1210 – Crise politique entre Jean et la noblesse anglaise

Les abus fiscaux et la défaite diplomatique face au pape isolent Jean. En 1215, il sera contraint de signer la Magna Carta

Chronologie

Ce qu'il faut retenir

  • Un règne né du chaos : En 1154, Henry II hérite d’un royaume anglais ruiné par vingt ans de guerre civile, l’« Anarchie ». Il pacifie l’Angleterre avec une poigne de fer et une énergie phénoménale.
  • Un empire cousu par le mariage : Grâce à son union avec Aliénor d’Aquitaine, il bâtit un empire plus vaste que celui du roi de France, s’étendant de l’Écosse aux Pyrénées.
  • Un roi modernisateur : Par ses réformes judiciaires (Common Law, Assises de Clarendon), Henry II invente les prémices de l’État moderne et du droit anglo-saxon.
  • L’affaire Becket : le péché originel : La nomination puis l’assassinat de l’archevêque Thomas Becket dévoilent les tensions explosives entre pouvoir royal et pouvoir ecclésiastique.
  • Une dynastie maudite : Trahi par sa femme Aliénor et ses fils lors de la Grande Révolte de 1173, il assiste impuissant à la désagrégation familiale et politique de son empire.
  • L’abandon final : En 1189, malade, humilié et trahi par son fils préféré Jean, il meurt à Chinon dans la solitude la plus glaçante, dépouillé par ses propres serviteurs.
  • Un legs paradoxal : Son empire s’effondre sous ses héritiers, mais ses réformes institutionnelles fondent durablement l’originalité politique de l’Angleterre.
  • Un avertissement éternel : Henry II incarne la tragédie du pouvoir : celui qui conquiert des royaumes ne peut ni maîtriser sa famille, ni sauver son cœur.

Vidéo


Pour en savoir plus

« L’Empire des Plantagenêts, 1154-1224 » par Martin Aurell, grand spécialiste français de cette dynastie. Cet ouvrage analyse en profondeur la structure du pouvoir, l’idéologie royale et les relations familiales complexes qui ont à la fois construit et détruit l’empire d’Henry II. 

« Aliénor d’Aquitaine : La reine insoumise » par Jean Flori, médiéviste de renom. Comprendre Aliénor, son pouvoir, ses frustrations et son rôle dans les révoltes de ses fils est indispensable pour comprendre Henry II lui-même. 

« Henry II : A Prince and His World » par John Gillingham,  l’un des plus éminents historiens britanniques de cette période. Il offre un portrait très vivant et nuancé d’Henry II, en se concentrant sur sa personnalité, son énergie infatigable et sa cour itinérante. Il permet de comprendre l’homme derrière le roi.

« Les Plantagenêts : Origines et destin d’un empire (XIe-XIVe siècle) » par Jean Favier. Cet ouvrage de référence retrace l’ascension, l’apogée et la chute de la dynastie Plantagenêt, de l’Anjou à l’Angleterre. L’historien éclaire les enjeux politiques, les conflits familiaux et la rivalité anglo-française qui ont façonné l’empire d’Henri II. 


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