Les papes Léon

16 siècles d’histoire sous le signe du lion

Le 8 mai 2025, le cardinal américano-péruvien Robert Francis Prevost est devenu le 267ᵉ pape de l’Église catholique sous le nom de Léon XIV. Choisir ce nom, qui vient du latin « leo » (lion), c’est réveiller une mémoire de souverains pontifes qui ont marqué plus ou moins l’histoire.

Depuis Léon 1er, le Grand, qui fit reculer Attila sans verser une goutte de sang, jusqu’à Léon XIII, qui scruta les entrailles de l’ère industrielle, ces papes ont tenu la barre d’une Église secouée par les siècles. Qu’ils soient bâtisseurs ou négociateurs, réformateurs ou mystiques, chacun d’eux a laissé son empreinte. Non pas un simple nom, mais un geste, un écho, un style.

Plutôt qu’un récit linéaire, voici six visages de ces papes, autant de figures pour comprendre ce que signifie porter ce nom rugissant au sommet de la chrétienté.

Les Gardiens de la foi

Le premier des Léon n’a pas seulement donné son nom. Il a donné le ton. 

Léon 1er, entre 440 et 461, fut à la fois théologien, diplomate et héros de légende. Son « Tome à Flavien » est une déclaration de guerre contre la confusion doctrinale. Dans un siècle où l’on doutait de la nature même du Christ, Léon écrit avec la netteté d’une lame : deux natures, une personne. Pas un mot de trop. À Chalcédoine, on entend s’élever un cri : « Pierre a parlé par la bouche de Léon. »

L’importance de ses écrits théologiques, sermons et lettres lui a valu d’être proclamé Docteur de l’Église, l’un des premiers papes à recevoir ce titre prestigieux qui reconnaît l’excellence de sa doctrine et son influence majeure sur la compréhension de la foi chrétienne.

Et puis en 452, alors qu’Attila menace Rome après avoir ravagé le nord de l’Italie, Léon 1er s’avance sans arme à sa rencontre, sur les rives du Mincio, accompagné d’une délégation de sénateurs. Fort de sa seule autorité spirituelle, il obtient l’impensable : le retrait du Fléau de Dieu. Foi, tribut ou présage ? Le mystère reste entier. Mais l’image demeure : un homme en blanc face à la barbarie, sauvant Rome par la seule force de la parole.

Léon II, deux siècles plus tard, n’a pas de gloire guerrière. Il a la précision d’un moine et la finesse d’un traducteur. Le grec, il le manie comme un sabre, pour faire passer l’Occident au travers des querelles byzantines. Il ne rugit pas : il murmure juste.

Puis vint Léon IX, pourfendeur des simoniaques — ces marchands de charges ecclésiastiques — et pape combattant, qui n’hésita pas à prendre la tête des armées pontificales contre les Normands, au prix d’une défaite cuisante et de sa propre captivité. Son pontificat fut aussi celui des tensions croissantes avec Constantinople, prélude au Grand Schisme de 1054.

Bien plus tard, Léon X, l’esthète raffiné, assista impuissant à l’embrasement de la Réforme. L’un avait traversé l’Europe comme un inquisiteur en armes, l’autre contemplait le tumulte naissant depuis ses loges ornées de fresques. L’un galvanisait, l’autre temporisait. Mais tous deux, à leur manière, portaient le même fardeau : maintenir la foi debout alors que le monde vacillait.

Bâtisseurs & Mécènes : quand la pierre devient prière

Dans l’ombre des palais ou sur les chantiers des cathédrales, les papes Léon ont aussi déployé leurs talents de bâtisseurs. Bâtir, pour un pontife, c’est autant édifier des murailles et des basiliques que consolider l’édifice doctrinal de l’Église. Sur ce terrain, le nom de Léon brille d’un éclat particulier, du concile de Chalcédoine aux fastes de la Rome baroque.

À la charnière de deux époques (l’Antiquité tardive et le Moyen Âge), Léon III s’attelle à panser les blessures d’une Rome épuisée par des siècles de déclin. Il restaure basiliques et églises, redonnant vie à des murs qui portent encore les cicatrices des invasions. À Saint-Jean-de-Latran, sa cathédrale, il commande une mosaïque pour le Triclinium, salle de réception du palais papal : le Christ y confie à saint Pierre les clés du ciel, tandis que l’apôtre transmet une bannière à Constantin, figure de l’Empire. Une alliance scellée dans la pierre, où le spirituel légitime le temporel, préfigurant le couronnement de Charlemagne en 800.

Saint Jean de Latran Triclinium Leoninum

Léon IV, quant à lui, pense en stratège. En 846, les Sarrasins pillent Rome. Il riposte sans sabre : en quatre ans, il entoure le Vatican de murailles. La Cité léonine naît, enceinte protectrice, citadelle spirituelle. Et lorsqu’en 849, une flotte ennemie revient, il forme une coalition navale. À Ostie, la chrétienté repousse les envahisseurs. Raphaël peindra la scène des siècles plus tard : un pape sur un cheval blanc levant les bras, un ciel en feu.

Cette fresque monumentale de la Rencontre entre Léon le Grand et Attila fut terminée après la mort du pape Jules II.

Léon X, élu pape en 1513 et fils de Laurent le Magnifique, incarne la grandeur et le mécénat des Médicis. Il rêve de faire renaître Rome comme centre de la chrétienté et relance avec passion la construction de la basilique Saint-Pierre, confiant le projet à Raphaël après la mort de Bramante. Son pontificat, marqué par un faste spectaculaire, culmine lors de son couronnement à Saint-Jean-de-Latran, où des sommes colossales sont dépensées en célébrations. Pour financer ces ambitions, il autorise la vente d’indulgences, une pratique qui scandalise en Europe du Nord. À Wittenberg, Martin Luther s’insurge contre ces abus et, en 1517, publie ses 95 thèses, déclenchant la Réforme protestante.

Diplomates : la tiare entre les couronnes

Si le lion rugit pour protéger, le diplomate, lui, manie la parole et la ruse pour guider l’Église à travers les écueils politiques. Être pape, c’est souvent tendre la main — ou serrer les dents face à des envahisseurs, des empereurs ou des contestataires.

Tout aussi talenteux que son prédécesseur Léon 1er, Léon III dépose une couronne sur la tête de Charlemagne, sans l’en avertir, le 25 décembre 800. L’empereur s’en offusque ; le pape, lui, vient de redéfinir le pouvoir : en sacrant l’Empire, l’Église affirme qu’elle ne se contente pas de bénir, elle consacre. Ce geste solennel, accompli à Saint-Pierre, scelle une alliance où le spirituel légitime le politique, tout en plaçant le trône impérial sous l’ombre de la tiare. Charlemagne, malgré son irritation, devient le bras armé d’une chrétienté désormais unifiée sous une double autorité.

Mais tous les Léon n’ont pas cette autorité. Léon V est renversé en un mois, vers la fin de l’été 903, par son propre chapelain Christophore, qui le jette en prison où il trouve la mort, probablement étranglé. Léon VI et VII, quant à eux, règnent sous la coupe de l’aristocratie romaine, leurs pontificats marqués par l’influence des puissantes familles locales. Ce Vatican du Xe siècle est une arrière-cour de familles romaines : on l’appelle la « pornocratie pontificale », une période de 904 à 963 où des femmes comme Théodora et Marozie manipulent les nominations papales, transformant le trône de Pierre en un échiquier de pouvoir et d’intrigues. L’Église devient jeu de pouvoir, et le lion, un chat de salon.

Avec Léon IX, la diplomatie revient. Il refuse la nomination impériale sans élection romaine : un geste simple, mais radical. Il affirme que le pape n’est pas un fonctionnaire impérial. C’est l’esquisse de l’indépendance vaticane.

Plus tard, Léon XIII choisira la voie du compromis en encourageant le « ralliement » des catholiques français à la IIIe République, malgré sa laïcité. Il se révèle maître d’une diplomatie subtile, cherchant à apaiser les tensions avec les gouvernements modernes, notamment par des négociations avec la France, l’Allemagne et la Russie. Il tisse ainsi des concordats et des accords, comme ceux avec la Russie dès 1880, pour protéger les intérêts de l’Église tout en s’adaptant aux réalités politiques. Les traditionnalistes en sont contrariés, mais la démarche a du succès.

Réformateurs de l’Église

Réformer l’Église, c’est comme tailler une statue dans du marbre tremblant. À chaque époque, le nom de Léon a été associé à la volonté de transformer, d’assainir ou d’adapter l’institution face à ses propres faiblesses et aux défis du monde. Certains ont manié le burin avec vigueur, d’autres avec prudence voire inertie, mais tous ont dû composer avec la résistance d’une tradition millénaire et la pression du temps. La réforme, chez les papes Léon, oscille entre l’élan prophétique et la gestion pragmatique, entre le feu de la conviction et la prudence du politique.

Léon IX, infatigable marcheur, veut purifier la maison. Il s’attaque aux abus comme on s’attaque à des ronces. Il ne corrige pas les erreurs par encyclique, mais par présence. Il parle aux évêques, dépose, excommunie, voyage. Il met le feu pour sauver la maison.

Léon X, à l’inverse, regarde passer la tempête. Il réunit un concile, promulgue quelques décrets… et retourne aux banquets. Il voulait peut-être réformer, mais Rome dansait, et la Réforme surgit par la faille.

Léon XII se veut un conservateur acharné, défenseur d’une Église traditionaliste face au libéralisme post-napoléonien. Pourtant, il se révèle un gestionnaire visionnaire, réorganisant les ordres religieux en rendant le Collège romain aux Jésuites. Il restructure l’enseignement supérieur, modernise Rome et Bologne et combat le brigandage. Son Jubilé de 1825 vise à resacraliser Rome après les tumultes révolutionnaires. La discipline conservatrice n’empêche pas les réformes.

Léon XIII, lui, est un visionnaire. Il voit le monde ouvrier, le capitalisme, la misère, l’injustice. Il répond par une encyclique : Rerum Novarum. Il ne parle plus aux seuls évêques. Il parle aux ouvriers, aux familles, aux syndicats. Il tend la main aux peuples sans sacrifier la doctrine.

Mission universelle de l’Église : le monde vu de Rome

L’universalité de l’Église est une tension. Entre l’appel et l’empire. Entre la foi et la conquête. Les papes Léon, chacun à leur manière, ont tenté de redéfinir ce que signifie être « catholique » – c’est-à-dire universel – dans un monde en perpétuelle expansion et mutation. Ils ont dû répondre à la question : comment Rome peut-elle être le centre sans devenir un carcan ? Comment conjuguer unité et diversité, mission et respect des peuples ? À travers eux, l’Église a cherché à s’ouvrir sans se dissoudre, à rayonner sans dominer.

Léon 1er imagine Rome comme centre de gravité spirituelle. Une Rome-matrice, qui unit sans écraser. Sa théologie jette les bases d’une universalité romaine.

Léon X, au temps des caravelles, bénit l’expansion des couronnes ibériques. Il crée des diocèses, évangélise… souvent dans le sillage des canons. L’universalisme devient ambigu : évangélisation ou domination ?

Léon XIII corrige la trajectoire : clergé local, dialogue avec l’Orient, rejet de l’esclavage. Il pense l’universalité non comme un empire, mais comme une polyphonie.

Pasteurs et figures spirituelles

Ils ont été chefs, réformateurs, stratèges. Mais les papes Léon ont aussi su être proches des fidèles. Dans leurs silences, leurs gestes liturgiques, leurs prières partagées, ils ont touché non les foules, mais les âmes. Cette proximité n’est pas spectaculaire : elle est humble, patiente, enracinée. Le pasteur n’est pas celui qui brille, mais celui qui veille. Et parfois, chez les Léon, le lion se fait agneau.

Léon 1er prêchait avec une clarté désarmante. Ses sermons sont encore lus aujourd’hui : pas pour leur érudition, mais pour leur lumière.

Léon II instaure le baiser de paix dans la liturgie : un simple geste, mais une révolution du cœur. Il se soucie des pauvres, des chants, de la liturgie vivante.

Léon IV, tout en construisant des murailles, restaure les églises détruites. Il ne veut pas seulement protéger Rome : il veut qu’on y prie encore.

Léon XIII publie douze encycliques sur le Rosaire. Douze ! Il comprend que la foi du peuple n’est pas une foi savante, mais une foi tressée dans les mains. Il consacre le monde au Sacré-Cœur, compose une prière à saint Michel Archange, et enregistre même sa voix : un pasteur du souffle et du son.

Le mot de la fin : Le lion veille encore

 

De Léon 1er, défenseur de Rome face à Attila en 452, à Léon XIII, artisan de la doctrine sociale de l’Église au tournant du XXe siècle, les papes Léon ont marqué l’histoire par leur capacité à naviguer entre crises et réformes, entre pouvoir spirituel et enjeux temporels. Aujourd’hui, Léon XIV, premier pape américain, s’inscrit dans cette lignée prestigieuse, porteur d’un nom évocateur de paix et de dialogue, avec pour défi de guider une Église polarisée vers une synodalité inclusive. À l’image de ses prédécesseurs, il devra conjuguer tradition et modernité, un équilibre qui a souvent défini le destin de la papauté.

Chronologie des papes Léon

440 Septembre 29 – Élection de Léon 1er le Grand

Élu pape, Léon 1er devient une figure centrale de l’Église primitive, renforçant la primauté de l’évêque de Rome. Il obtient un rescrit de l’empereur Valentinien III (r. 425-455) pour une juridiction sur tout l’Occident. Auparavant archidiacre sous les pontificats de Célestin 1er (r. 422 – 432) et Sixte III (r. 422 – 432), il est élu pendant qu’il se trouve en Gaule pour une mission diplomatique.

451 Octobre 08 – Concile de Chalcédoine et Tome de Léon 1er

Lors du concile, son Tome contre l’hérésie monophysite est approuvé unanimement, affirmant son autorité morale avec la célèbre exclamation : « Pierre a parlé par Léon ». Cette formulation doctrinale sur les deux natures du Christ, “sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation”, devient la référence orthodoxe pour les siècles à venir.

452 Juin 01 – Rencontre de Léon 1er avec Attila

Sur les rives du Mincio, Léon 1er négocie avec Attila (r. 434–453), le “Fléau de Dieu”, et parvient à épargner Rome d’une invasion. La légende ajoute qu’Attila aurait vu les figures de Saint Pierre et Saint Paul flotter au-dessus du pape pendant l’entretien, renforçant la dimension miraculeuse de cet acte diplomatique.

455 Juin 02 – Négociation de Léon 1er avec Genséric

Face au roi vandale Genséric (r. 428–477), Léon 1er obtient la promesse de ne pas incendier Rome ni massacrer ses habitants lors du sac de la ville. Cette seconde intervention diplomatique confirme son talent de négociateur, même si la ville est néanmoins pillée pendant quatorze jours.

461 Novembre 10 – Décès de Léon 1er le Grand

Léon 1er meurt à Rome, laissant un héritage de 143 lettres et 96 sermons, et est plus tard déclaré Docteur de l’Église par Benoît XIV  en 1754. Il est commémoré le 10 novembre dans le calendrier liturgique catholique et considéré comme l’un des plus grands papes de l’Antiquité.

682 Août 17 – Élection de Léon II

D’origine sicilienne ou calabraise, Léon II est élu pape après un long délai d’attente de confirmation impériale.
Sa maîtrise du grec et du latin en fait un médiateur idéal pour les relations avec l’Église d’Orient. Il confirme la condamnation du monothélisme par le troisième concile de Constantinople et renforce la discipline ecclésiastique.

683 Juillet 03 – Décès de Léon II

Après seulement 11 mois de pontificat, Léon II meurt à Rome.
Reconnu pour sa charité envers les pauvres et sa générosité, il est canonisé et sa fête est célébrée le 3 juillet. Malgré la brièveté de son règne, il laisse une réputation de sainteté et de sagesse théologique.

750 Janvier 01 – Naissance de Léon III

Né à Rome vers cette date, Léon III grandit dans les dépendances du Latran, formé aux sciences ecclésiastiques avant de devenir pape. Issu d’une famille modeste, il monte progressivement dans la hiérarchie ecclésiastique grâce à ses compétences administratives.

795 Décembre 26 – Élection de Léon III

Élu pape le jour de l’enterrement d’Adrien 1er (r. 772 – 795), Léon III envoie à Charlemagne les clés de la confession de saint Pierre et l’étendard de Rome, affirmant une alliance avec le puissant roi franc qui deviendra cruciale pour sa survie politique.

799 Avril 25 – Attentat contre Léon III

Victime d’un complot orchestré par des neveux de son prédécesseur, Léon III est agressé lors d’une procession. Grièvement blessé, il est sauvé par l’intervention de missi dominici (envoyés) de Charlemagne,
épisode qui renforce ses liens avec le roi franc et prépare le terrain pour le couronnement impérial.

800 Décembre 25 – Couronnement de Charlemagne par Léon III

Dans la basilique Saint-Pierre, Léon III couronne Charlemagne (r. 768–814) empereur d’Occident  sans s’agenouiller, marquant la suprématie spirituelle sur le pouvoir temporel. Ce geste audacieux restaure l’idée d’Empire en Occident et modifie profondément l’équilibre des pouvoirs en Europe médiévale.

816 Juin 12 – Décès de Léon III

Léon III meurt à Rome, canonisé au XVIIᵉ siècle comme saint Léon III, après un pontificat qui redéfinit les relations entre Église et Empire. Sa mémoire reste attachée à la création du Saint-Empire romain germanique et à la restauration de l’idée impériale en Occident.

847 Avril 10 – Élection de Léon IV

Après le sac de Rome par les Sarrasins en 846, Léon IV est élu sans attendre l’approbation impériale face à l’urgence de la situation. D’origine longobarde, ce moine bénédictin devient un protecteur énergique de Rome dans un contexte de menace musulmane croissante.

849 Août 01 – Victoire navale d’Ostie sous Léon IV

Léon IV organise une ligue navale avec les duchés maritimes italiens (Naples, Amalfi, Gaète) qui remporte une victoire décisive contre les flottes sarrasines près d’Ostie. Cette bataille, plus tard immortalisée par Raphaël dans les Stanze du Vatican, sauve Rome d’une nouvelle attaque.

852 Juin 27 – Achèvement des murailles léonines

Léon IV termine la construction d’une puissante enceinte fortifiée autour du Vatican et de la basilique Saint-Pierre, créant la “Cité léonine”. Cette imposante structure défensive, achevée en seulement quatre ans, protègera le cœur spirituel de la chrétienté pendant des siècles.

855 Juillet 17 – Décès de Léon IV

Léon IV meurt à Rome, laissant l’image d’un pape bâtisseur et stratège militaire. Béatifié pour ses actions courageuses et sa piété, il est célébré le 17 juillet. Son pontificat marque un tournant dans la défense militaire de Rome et l’affirmation de l’indépendance papale.

903 Juillet 01 – Élection et chute rapide de Léon V

Originaire d’Ardea près de Rome, Léon V est élu pape mais est renversé après seulement 30 jours par son chapelain Christophore, qui le fait emprisonner. Il meurt probablement assassiné sur ordre de Serge III, qui récupère le trône pontifical. Cette période sombre, parfois appelée “saeculum obscurum”, est marquée par de violentes luttes de pouvoir au sein de l’Église.

928 Mai 01 – Élection de Léon VI

Issu de la famille romaine des Sanguigna, Léon VI devient pape sous l’influence de Marozie Ière, puissante patricienne qui contrôle alors Rome. Malgré un pontificat de seulement sept mois, il s’efforce de pacifier la ville et combat avec un certain succès les raids sarrasins et hongrois qui menacent l’Italie centrale.

936 Janvier 03 – Élection de Léon VII

Moine bénédictin romain, Léon VII est élu pape selon le désir d’Albéric II de Spolète, autre figure dominante de la politique romaine. Bien que sous influence politique, il se concentre sur la réforme spirituelle, invitant saint Odon de Cluny à Rome
pour soutenir le renouveau monastique.

936 Juillet 01 – Mission réformatrice d’Odon de Cluny sous Léon VII

Léon VII confie à Odon de Cluny une mission de pacification et de réforme monastique. Cette collaboration favorise la réconciliation entre Albéric II et Hugues d’Arles (r. 926–947), roi d’Italie, et initie la restauration de plusieurs abbayes et couvents à Rome et dans ses environs.

939 Juillet 13 – Décès de Léon VII

Léon VII meurt à Rome, laissant l’image d’un pape pieux et réformateur malgré le contexte politique difficile. Son engagement pour la réforme monastique prépare le terrain pour les mouvements de renouveau religieux qui marqueront les siècles suivants.

963 Décembre 04 – Élection contestée de Léon VIII

Léon VIII, laïc avant son élévation rapide aux ordres, est imposé comme pape par l’empereur Otton Ier contre Benoît V, candidat du peuple romain. D’abord considéré comme antipape, il est définitivement reconnu après la destitution de Benoît V en 964, illustrant l’influence déterminante des empereurs germaniques sur la papauté.

965 Mars 01 – Décès de Léon VIII

Léon VIII meurt à Rome après un pontificat controversé. Son règne illustre les tensions persistantes entre le pouvoir impérial et l’indépendance papale, préfigurant les conflits qui culmineront plus tard avec la querelle des Investitures.

1002 Juin 21 – Naissance de Bruno d’Eguisheim, futur Léon IX

Né en Alsace dans une famille noble apparentée à l’empereur, Bruno reçoit une éducation soignée à Toul avant d’en devenir l’évêque en 1026. Sa réputation de sainteté et de réformateur attire l’attention de l’empereur Henri III (r. 1046–1056) qui le proposera pour le trône pontifical.

1049 Février 12 – Élection de Léon IX

Nommé pape par l’empereur Henri III, Bruno n’accepte cette charge qu’après son élection canonique par le clergé et le peuple de Rome, posant ainsi un premier jalon vers l’indépendance de l’Église. Il arrive à Rome pieds nus, en habit de pèlerin, marquant son humilité et sa volonté de réforme spirituelle.

1049–1054 – Voyages réformateurs de Léon IX

Durant son pontificat, Léon IX parcourt l’Europe (France, Allemagne, Italie) pour présider des synodes réformateurs. Il combat directement la simonie (achat de charges ecclésiastiques) et le nicolaïsme (non -respect du célibat clérical), déposant personnellement des évêques corrompus et initiant la réforme plus tard appelée “grégorienne”.

1053 Juin 18 – Défaite de Léon IX à Civitate

Prenant lui-même la tête des armées pontificales contre l’expansion normande en Italie du Sud, Léon IX est vaincu à la bataille de Civitate et fait prisonnier. Cette captivité de huit mois mine sa santé mais lui permet paradoxalement de négocier avec les Normands qui deviendront plus tard des alliés de la papauté.

1054 Avril 19 – Décès de Léon IX

Léon IX meurt à Rome peu après sa libération, épuisé par sa captivité. Canonisé pour ses efforts réformateurs et sa piété, il est fêté le 19 avril. Son pontificat coïncide avec l’exacerbation des tensions entre Rome et Constantinople qui aboutirent au Grand Schisme de 1054, bien qu’il soit mort avant l’excommunication mutuelle.

1475 Décembre 11 – Naissance de Léon X

Jean de Médicis, futur Léon X, naît à Florence, fils de Laurent le Magnifique et de Clarisse Orsini. Destiné à la carrière ecclésiastique, il reçoit une éducation humaniste sous la direction de savants comme Politien et Chalcondyle, devenant cardinal à 13 ans.

1513 Mars 11 – Élection de Léon X

Élu à 37 ans, Léon X incarne un prince de la Renaissance, mécène de Raphaël, Bramante et Michel-Ange. On raconte qu’il aurait dit : « Puisque Dieu nous a donné le pontificat, profitons-en », reflétant l’esprit Renaissance.

1515 Janvier 01 – Soutien de Léon X à Jean Reuchlin

Léon X prend parti pour l’humaniste Reuchlin dans l’affaire du Talmud, montrant une ouverture aux idées nouvelles, tout en restant attaché à l’autorité papale.

1517 Octobre 31 – Début de la Réforme sous Léon X

Luther affiche ses 95 thèses contre les indulgences, geste soutenu par Léon X pour financer Saint-Pierre, marquant le début de la Réforme protestante.

1520 Juin 15 – Bulle Exsurge Domine de Léon X

Léon X condamne les thèses de Luther, mais celui-ci brûle la bulle à Wittenberg, accentuant la rupture.

1521 Janvier 03 – Excommunication de Luther par Léon X

Par Decet Romanum Pontificem, Léon X excommunie Luther, scellant la division de l’Église.

1521 Décembre 01 – Décès de Léon X

Léon X meurt à 45 ans, laissant un héritage artistique mais une Église divisée. Il repose à Santa Maria sopra Minerva à Rome.

1535 Juin 02 – Naissance d’Alessandro Ottaviano de’ Medici, futur Léon XI

Né à Florence dans une branche cadette des Médicis, Alessandro reçoit une éducation soignée en théologie et en diplomatie. Légat apostolique en France, il contribue à la pacification entre Henri IV et la Ligue catholique avant d’être élu pape.

1605 Avril 01 – Élection de Léon XI

Élu à 69 ans avec le soutien de la France contre l’influence espagnole, Alessandro de’ Medici prend le nom de Léon XI en hommage à son illustre parent. Son élection marque une victoire du parti français dans la politique vaticane.

1605 Avril 27 – Décès de Léon XI

Mort prématurément de pneumonie après seulement 27 jours de pontificat, Léon XI demeure connu comme le “pape-éclair”. Son court règne témoigne toutefois de son désir de poursuivre les réformes du Concile de Trente.

1760 Août 02 – Naissance d’Annibale della Genga, futur Léon XII

Originaire des Marches italiennes, Annibale della Genga fait ses armes diplomatiques avant la Révolution, puis devient cardinal et sera élu pape dans le contexte de la Restauration européenne.

1823 Septembre 28 – Élection de Léon XII

Élu pape à 63 ans, Léon XII incarne le conservatisme post-napoléonien tout en menant des réformes administratives dans les États pontificaux. Il réorganise l’enseignement supérieur et renforce la discipline ecclésiastique.

1824 Août 28 – Bulle Quod divina sapientia de Léon XII

Léon XII restructure les universités de Rome et Bologne, créant 38 nouvelles chaires académiques, modernisant l’enseignement supérieur dans les États pontificaux.

1825 Janvier 01 – Jubilé de 1825 sous Léon XII

Malgré les craintes politiques, Léon XII célèbre un jubilé pour raviver la ferveur spirituelle à Rome, affirmant ainsi la résilience de la papauté après les bouleversements révolutionnaires.

1829 Février 10 – Décès de Léon XII

Léon XII meurt après cinq ans de règne, laissant un héritage de rigueur administrative et une Église tournée vers la restauration des traditions catholiques.

1810 Mars 02 – Naissance de Vincenzo Gioacchino Pecci, futur Léon XIII

Né dans une famille de petite noblesse, Vincenzo Pecci est formé par les jésuites puis sert comme nonce en Belgique, développant une sensibilité sociale qui marquera son futur pontificat.

1878 Février 20 – Élection de Léon XIII

Élu à 67 ans, Léon XIII hérite d’une Église isolée depuis la perte des États pontificaux. Son long pontificat de 25 ans sera marqué par l’ouverture sociale et la diplomatie du « Ralliement ».

1891 Mai 15 – Publication de l’encyclique Rerum Novarum

Fondation de la doctrine sociale de l’Église, Léon XIII y défend le droit à un salaire juste et rejette à la fois le capitalisme sauvage et le socialisme, ouvrant une voie nouvelle pour les questions ouvrières.

1892 Février 16 – Politique du Ralliement en France

Léon XIII invite les catholiques français à participer à la République laïque pour mieux agir de l’intérieur, signe de son pragmatisme diplomatique.

1898 Juillet 05 – Léon XIII face aux technologies modernes

Premier pape filmé puis enregistré sur phonographe, il adopte les innovations pour diffuser le message religieux, marquant un tournant dans la communication papale.

1903 Juillet 20 – Décès de Léon XIII

Léon XIII meurt à 93 ans après un pontificat record de 75 encycliques.
Considéré comme l’un des pères de la restauration sociale catholique, il transforme la papauté en institution
mondiale.

1955 Avril 17 – Naissance de Robert Francis Prevost, futur Léon XIV

Né à Chicago dans une famille d’origine mexicaine, Robert Prevost entre chez les Augustins et devient missionnaire au Pérou. Nommé évêque de Chiclayo en 1996, il est ensuite préfet du Dicastère pour les évêques à Rome,
marquant sa réputation d’homme de dialogue et de rigueur pastorale.

2025 Mai 08 – Élection de Léon XIV

Robert Francis Prevost est élu 267ᵉ pape de l’Église catholique et choisit le nom de Léon XIV. Premier pape américain et premier Léon depuis plus de 120 ans, il annonce un pontificat tourné vers la justice sociale, l’écologie et le dialogue interreligieux, prolongeant l’héritage de Léon XIII.


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