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ToggleLe 5 octobre 1944
Quand la France se réveille (enfin)
Le monde est en ruines, mais la France, libérée de l’Occupation, se pare d’un éclat tout neuf. Ce jour-là, dans un éclat de plume bureaucratique, une injustice vieille de plusieurs siècles s’effondre : les femmes obtiennent enfin le droit de vote. Oui, il aura fallu des guerres, des révolutions, des mouvements féministes étouffés sous les rires condescendants pour en arriver là. Le 5 octobre 1944, un coup de tonnerre discret retentit : les Françaises, après avoir saigné pour la patrie, peuvent désormais choisir ceux qui la gouverneront.
Une histoire d'ombres et de luttes silencieuses
Revenons un peu en arrière. On pourrait croire que les Révolutions, avec leurs airs de liberté, égalité, fraternité, avaient tout changé. Mais non. Si les hommes fêtaient leur triomphe sur la monarchie, les femmes, elles, regardaient cette danse de loin, rejetées dans l’ombre des cuisines. Olympe de Gouges, cette furie visionnaire qui osa réclamer une égalité politique pour les femmes en 1791, a payé son audace de sa tête. Littéralement. Il ne faisait pas bon être une femme en colère dans ce XIXe siècle où la démocratie se construisait sans elles.
Et puis vint 1848, la Seconde République, l’avènement du suffrage universel masculin. Oui, masculin, comme si cela allait de soi. Les femmes ? Des créatures sensibles, incapables de faire autre chose que de s’évanouir à la simple idée de la politique. Elles restaient au foyer, silencieuses, invisibles, pendant que leurs maris bâtissaient la République.
La guerre éclate, les femmes sortent de l’ombre
C’est la guerre qui a fait tout voler en éclats. Pas seulement les bombes, mais les idées reçues. Pendant que les hommes étaient au front, qui organisait les réseaux de résistance ? Qui risquait sa vie pour porter des messages, fabriquer des armes, abriter des fugitifs ? Les femmes, ces héroïnes de l’ombre que l’on avait longtemps refusé de voir. Et une fois la France libérée, comment justifier de continuer à les tenir à l’écart de la vie politique ?
La réponse est simple : on ne pouvait plus. Leur place était dans l’Histoire, et non plus dans les marges. Et enfin, après des années de lutte, le 5 octobre 1944, Charles de Gaulle signe l’ordonnance qui change tout : les femmes sont « électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». Voilà, c’est fait. Un coup de baguette magique, une phrase sèche qui met fin à des siècles d’injustice.
1945 : Premier vote, première étape
Ce n’est que l’année suivante, en avril 1945, que les Françaises votent pour la première fois. Imaginez la scène : des milliers de femmes se pressent dans les bureaux de vote, fières, déterminées, prêtes à faire entendre leur voix dans cette nouvelle France. Puis viennent les élections constituantes d’octobre 1945, et là, surprise : des femmes sont élues. Marie-Jeanne Bassot, Eugénie Éboué-Tell et d’autres font leur entrée dans l’arène politique, prêtes à changer la donne.
Un plafond de verre épais comme l’Histoire
Mais ne nous leurrons pas : si le droit de vote est une victoire, la route vers l’égalité est encore longue, très longue. En 1944, les femmes peuvent voter, oui, mais accéder aux postes de pouvoir reste une tout autre affaire. Le plafond de verre est bien en place, invisible mais impénétrable. Ce n’est qu’avec les lois sur la parité en politique, en 2000, que les choses commencent réellement à bouger.
Les femmes ont dû se battre pour tout. Le droit de vote était une étape, cruciale, mais ce n’était que le début d’un combat encore plus vaste pour être enfin considérées comme des citoyennes à part entière, non seulement dans les urnes, mais dans les cercles du pouvoir.
Les c
Avant que la France n’accorde le droit de vote aux femmes en 1944, plusieurs pays avaient déjà franchi ce pas.
Voici un aperçu des principaux pays ayant reconnu le droit de vote des femmes avant 1944 :
🌐 Aperçu par Année : Les Pionniers du Suffrage Féminin
| Pays | Année | Détails |
|---|---|---|
| Nouvelle-Zélande | 1893 | Premier pays à accorder le droit de vote aux femmes. |
| Australie | 1902 | Les femmes obtiennent le droit de vote, avec restrictions raciales. |
| Finlande | 1906 | Premier pays européen à accorder également le droit de se présenter. |
| Norvège | 1913 | Droit de vote sans restrictions. |
| Danemark | 1915 | Extension du suffrage féminin. |
| Russie | 1917 | Accordé après la révolution russe. |
| Canada | 1917-1918 | Progressivement selon les provinces, avec restrictions pour minorités. |
| Allemagne | 1918 | Reconnaissance du droit de vote. |
| Autriche | 1918 | Extension après la fin de l’Empire austro-hongrois. |
| Royaume-Uni | 1918 & 1928 | Initialement pour les femmes de 30 ans et plus, puis sans restriction d’âge. |
| Pays-Bas | 1919 | Extension du suffrage aux femmes. |
| Tchécoslovaquie | 1920 | Droit de vote sans discrimination. |
| Suède | 1921 | Reconnaissance complète du suffrage féminin. |
| Irlande | 1922 | Après l’indépendance de l’État libre. |
| Équateur | 1929 | Premier pays d’Amérique latine à accorder ce droit. |
| Brésil | 1932 | Extension partielle puis totale. |
| Turquie | 1934 | Dans le cadre des réformes kémalistes. |
| Cuba | 1934 | Extension complète du suffrage. |
| Philippines | 1937 | Reconnaissance suite à un référendum. |
📊 Synthèse Visuelle :
- 📍 Régions précurseures :
- ✨ Europe : Nombreux pays ont accordé le droit de vote avant 1944, incluant la Finlande, la Norvège, l’Allemagne et l’Autriche.
- 🇦🇺 Amérique du Nord : Le Canada et les États-Unis (1920) se sont montrés progressistes dans la reconnaissance des droits des femmes.
- 🌎 Océanie : La Nouvelle-Zélande, pionnière en 1893, a ouvert la voie à l’Australie.
- 🌏 Amérique latine et Asie : Des exceptions notables incluent l’Équateur et les Philippines.
- 💡 Réflexion : Au moins 20 pays avaient accordé le droit de vote aux femmes avant la France en 1944, illustrant des avancées majeures en matière de droits civiques et d’égalité, bien que souvent de manière fragmentée et inégale.
- 🏛️ Note historique : Certaines juridictions locales ont été plus progressistes que les gouvernements nationaux, accordant parfois des droits partiels avant l’adoption à l’échelle nationale.
Chronologie
Dans sa « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », Olympe de Gouges exige l’égalité des sexes en matière de droits politiques. Elle paiera cet engagement de sa vie, guillotinée en 1793.
Lors de la Seconde République, le suffrage universel est proclamé… mais uniquement pour les hommes. Les femmes, malgré les revendications de certains mouvements féministes, restent exclues de la citoyenneté active.
Après la Première Guerre mondiale, un projet de loi pour accorder le droit de vote aux femmes est présenté à la Chambre des députés. Il est repoussé, malgré les promesses faites pendant la guerre.
Sous le Front populaire, Léon Blum nomme pour la première fois trois femmes ministres : Cécile Brunschvicg, Suzanne Lacore et Irène Joliot-Curie. Elles ne peuvent cependant ni voter ni être élues.
Le général de Gaulle, chef du gouvernement provisoire, signe une ordonnance historique qui accorde le droit de vote aux femmes, faisant d’elles des électrices et éligibles « dans les mêmes conditions que les hommes ».
Lors des élections municipales d’avril 1945, les femmes votent pour la première fois en France. Ce moment marque une avancée cruciale dans l’égalité des droits civiques.
Lors des élections constituantes d’octobre 1945, plusieurs femmes, dont Marie-Jeanne Bassot et Eugénie Éboué-Tell, sont élues pour la première fois, symbolisant l’entrée des femmes dans la vie politique.
La loi sur la parité est adoptée, imposant aux partis politiques de présenter un nombre égal de candidats hommes et femmes lors des élections, marquant une nouvelle étape dans la représentation féminine en politique.
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