Portrait du premier empereur Qing
Portrait de Nurhachi (Règne de 1616-1626)
Nurhachi, également connu sous le nom de Nurgaci, est une figure centrale de l’histoire mandchoue et chinoise. Son habileté militaire, ses réformes administratives et son leadership visionnaire ont posé les fondations de la dynastie Qing, qui régna sur la Chine jusqu’en 1912. L’unification des Mandchous Jurchen réalisée par Nurhachi constitue la base des succès remportés par ses successeurs, permettant à son fils, Huang Taiji, et à son petit-fils, Dorgon, de réaliser la conquête finale de la Chine et de fonder officiellement la dynastie Qing en 1644. Cette dynastie, la dernière à occuper le trône de Chine, régna sur le pays jusqu’à la chute de l’empereur Puyi en 1912.
Origines et Jeunesse
Nurhachi est né le 21 février 1559 dans le clan Gioro, une branche des Jurchen, dans une région qui fait aujourd’hui partie de la Corée du Nord. Son père, Taksi, et son grand-père, Giocangga, furent tués en 1582 par un chef Jurchen rival, Nikan Wailan, lors d’une attaque orchestrée par le général chinois Li Chengliang, au service de la dynastie Ming. Ces événements tragiques ont marqué le début de la détermination de Nurhachi à venger sa famille et à unifier les tribus Jurchen.
Durant ses premières années, Nurhachi passa du temps comme soldat à Fushun, où il apprit le chinois. En 1582, après la mort de son père et de son grand-père, il commença à unifier les Jurchen.
Ascension au Pouvoir et Unification des Tribus
En 1583, Nurhachi commença à unifier les différentes bandes Jurchen, consolidant son pouvoir et éliminant ses rivaux. Utilisant habilement des alliances stratégiques et des tactiques militaires efficaces, il réussit à s’imposer comme le leader incontesté des Jurchen. En 1593, il décapita Nikan Wailan pour venger sa famille. Entre 1593 et 1618, il vainquit successivement les quatre maisons aristocratiques Hulun et d’autres clans Jurchen, consolidant ainsi son pouvoir. Le 17 février 1616, il se proclame Khan et fonde la dynastie Jin (ou Hou Jin), en référence à la dynastie Jin du XIIe siècle.
Les Sept Grandes Causes d’Irritation, Campagnes Militaires et Organisation
Le 13 avril 1618, Nurhachi rédigea un document intitulé les Sept Grandes Causes d’Irritation, dans lequel il énumérait sept griefs contre la dynastie Ming, justifiant ainsi sa rébellion contre leur autorité. Ce document marqua le début de ses campagnes militaires contre les Ming, signalant une rupture claire avec la dynastie en place.
- Meurtre de son père et de son grand-père : Nurhachi accuse les Ming d’avoir tué son père, Taksi, et son grand-père, Giocangga, sans raison valable.
- Favoritisme envers les clans Yehe et Hada : Les Ming favorisaient les clans Yehe et Hada tout en réprimant le clan Jianzhou de Nurhachi, ce qui créait un déséquilibre de pouvoir et de soutien.
- Violation des accords territoriaux : Les Ming ont violé les accords de territoires en forçant Nurhachi à compenser les pertes humaines des personnes qui traversaient la frontière et étaient tuées par ses forces.
- Défense de Yehe contre Jianzhou : Les Ming ont envoyé des troupes pour défendre le clan Yehe contre les attaques du clan Jianzhou, montrant encore une fois leur favoritisme.
- Rupture de promesse concernant le mariage : Soutenu par les Ming, le clan Yehe a rompu sa promesse de marier sa fille aînée à un membre du clan Jurchen et l’a plutôt mariée à un Mongol.
- Abandon forcé des terres : Les Ming ont forcé Nurhachi à abandonner les terres qu’il avait récupérées et cultivées à Chaihe, Sancha, et Fuan.
- Abus de pouvoir par un officiel Ming : Shang Bozhi, un officiel Ming nommé pour une mission de garnison à Jianzhou, a abusé de son pouvoir et maltraité la population locale.
Nurhachi mena de nombreuses campagnes militaires victorieuses contre les Ming, les Coréens, les Mongols et les autres clans Jurchen. En 1621, il déplaça sa capitale à Liaoyang, puis à Shenyang (Mukden) en 1625, consolidant ainsi son pouvoir dans la région de la Mandchourie. Ses succès militaires étaient souvent le résultat de stratégies bien planifiées et de l’utilisation efficace de ses forces sous le système des Huit Bannières. Du 14 au 18 avril 1619, il mena la bataille de Sarhu, où la cavalerie mandchoue, composée majoritairement d’archers, bat les Hans des Ming, équipés d’armes à feu comme des platines à mèche et des canons.
L’une des réalisations les plus durables que Nurhachi légua à ses descendants fut l’établissement de ce qu’on a appelé le système des Huit Bannières. Il créa initialement quatre Bannières (jaune, bleue, blanche et rouge), qu’il dédoubla ensuite en huit Bannières, à partir de 1615, en bannières unies (ou régulières) et à bordures. Ce système structura non seulement les forces armées, mais aussi la société civile, en intégrant les familles et les communautés dans une structure militaire.
Nurhachi s’allia avec les Mongols pour renforcer son pouvoir militaire, consolidant cette alliance par des mariages stratégiques. Son système des Huit Bannières devint la colonne vertébrale de la puissance militaire de l’empire Qing. Les Bannières restèrent sous le contrôle de la famille royale, avec les Bannières Jaunes sous le commandement direct de Nurhachi, les Bannières Bleues sous celui de son frère Surhachi, et les Bannières Blanches sous le contrôle de son fils, Huang Taiji.
Contributions Administratives et Culturelles
Nurhachi est également connu pour ses contributions administratives et culturelles. Il ordonna la création d’un script pour la langue mandchoue, basé sur l’alphabet mongol, afin de renforcer l’identité culturelle et administrative des Mandchous. Cette innovation a non seulement facilité l’administration de son royaume, mais a également contribué à la préservation et à la promotion de la culture mandchoue.
Nurhachi favorisa également le bouddhisme tibétain en nommant son lama, Olug Darhan Nagso, comme maître du Dharma de son royaume. Cette politique de patronage bouddhiste marqua le début de l’implication des Mandchous dans le bouddhisme tibétain, une tradition qui se poursuivit sous la dynastie Qing. Les motivations de cette politique incluaient le désir de renforcer les liens culturels et religieux avec les peuples tibétains et mongols, consolidant ainsi le pouvoir et l’influence de son royaume.
Fin de Vie et Héritage
En 1626, Nurhachi subit sa première défaite majeure lors d’une bataille contre le général Ming Yuan Chonghuan à Ningyuan. Blessé, il meurt peu après, le 30 septembre 1626, âgé de 67 ans. Bien qu’il n’ait pas vu la conquête finale de la Chine, les bases qu’il avait établies permirent à ses successeurs de réaliser cet objectif. Son fils, Huang Taiji, et plus tard son petit-fils, Dorgon, continuèrent son œuvre, menant à la fondation de la dynastie Qing en 1644. Les défis laissés par Nurhachi furent habilement surmontés par ses successeurs, assurant ainsi la pérennité de ses réformes et de son héritage.
Le mot de la fin
Nurhachi est une figure centrale de l’histoire mandchoue et chinoise. Son habileté militaire, ses réformes administratives et son leadership visionnaire ont posé les fondations de la dynastie Qing, qui régna sur la Chine jusqu’en 1912. Son héritage perdure dans les structures militaires et administratives qu’il a créées, ainsi que dans l’histoire culturelle des Mandchous. En utilisant des stratégies innovantes et en favorisant la culture et la religion, Nurhachi a su transformer son royaume et préparer la voie à l’un des plus longs règnes dynastiques de l’histoire chinoise.
Références
- Crossley, Pamela Kyle. The Manchus. Wiley-Blackwell, 1997.
- Swope, Kenneth. A Dragon’s Head and a Serpent’s Tail: Ming China and the First Great East Asian War, 1592–1598. University of Oklahoma Press, 2009.
- Elliott, Mark C. The Manchu Way: The Eight Banners and Ethnic Identity in Late Imperial China. Stanford University Press, 2001.
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