FRANCE 2030 FICHE OBJECTIF 5 - AVION BAS CARBONE
mise à jour le 11 Juillet 2025
France 2030 : Fiche Objectif 5
Produire le premier avion bas-carbone
Poids dans le PIB et Emploi
Contribution au PIB
Le secteur aéronautique français est un pilier majeur de l’économie, contribuant à hauteur de 60 à 70 milliards d’euros au PIB national (environ 2-3% du PIB, selon les sources et l’inclusion des activités indirectes et induites).
Emploi
La filière aéronautique et spatiale emploie directement plus de 200,000 personnes en France, et jusqu’à 500,000 emplois directs et indirects. Elle représente un vivier important d’emplois qualifiés.
Pourquoi c’est crucial ?
Le secteur aérien représente une part croissante des émissions mondiales de GES. L’objectif vise une double transition : réduire radicalement l’impact environnemental de l’aviation tout en conservant le leadership d’une industrie stratégique (aéronautique civile et défense) face à une compétition mondiale intense. Il s’agit de soutenir des ruptures technologiques majeures (propulsion, matériaux) pour l’avion de demain.
Pilotage du projet
Le projet est co-piloté par le SGPI et le Conseil pour la Recherche Aéronautique Civile (CORAC). Il implique le ministère de l’Aménagement du territoire (François Rebsamen, délégué aux Transports : Philippe Tabarot) et le ministère de l’Économie (Éric Lombard, délégué à l’Industrie : Marc Ferraci). Les acteurs industriels majeurs sont Airbus, Safran, Dassault Aviation et l’organisme de recherche ONERA.
Enjeux critiques
- Leadership industriel : Maintenir la position de leader mondial d’Airbus et de l’écosystème aéronautique français et européen.
- Souveraineté technologique : Maîtriser les technologies de rupture (propulsion hydrogène, hybridation, matériaux composites) pour ne pas dépendre de briques technologiques étrangères.
- Décarbonation du transport : Apporter une solution crédible pour réduire l’impact climatique d’un secteur en croissance.
- Maintien de l’emploi qualifié : Préserver et développer les centaines de milliers d’emplois de la filière en France.
⚠️ Risques, inerties et verrous à lever
- Horizon de rentabilité trop lointain pour attirer des capitaux privés.
- Manque de normes européennes stabilisées sur les SAF et l’hydrogène aérien.
- Complexité des procédures de certification EASA pour les nouvelles architectures.
- Chaîne d’approvisionnement fragile pour les composants critiques (piles, réservoirs H₂).
- Retard technologique français sur l’hydrogène liquide vis-à-vis de l’Allemagne.
Tableau de suivi
| Indicateur | Cible 2030 | Réalisation mi-2025 | Tendance | % d’atteinte |
|---|---|---|---|---|
| Démonstrateurs technologiques | 5 démonstrateurs en vol | 2 prototypes en développement avancé | Stable | 40% |
| Part de Carburants Durables (SAF) | 10% d’incorporation | Projets industriels lancés | Stable | En cours |
| Budget CORAC engagé | 800 M€ (2025-2030) | 285 M€ pour 2025 | Stable | 35% |
Événements et faits marquants – S1 2025
Avancées
- Dragonfly (Blue Spirit Aero) : Ce prototype biplace à propulsion 100 % électrique a réussi plusieurs vols tests. Il sert de base technologique pour des applications futures.
- Blériot (Beyond Aero) : Prototype hydrogène monoplace présenté au salon du Bourget 2025. Financé par France 2030 à hauteur de 20 M€.
- Lancement du programme CORAC Avion Vert (mars 2025) : Renforcement du financement de l’innovation aéronautique avec une orientation plus marquée vers les SAF et la propulsion hybride.
- Partenariat Airbus–Safran–Air Liquide renforcé (mai 2025) : Développement conjoint d’une plateforme de test pour moteurs hydrogène liquide.
Stagnations
- Aucun programme de moyen courrier lancé : L’absence d’un projet structurant pour un avion de 70 à 150 places freine la visibilité industrielle.
- Manque de normes claires sur les SAF : Les incitations à la production et à l’usage des carburants durables restent peu lisibles.
Reculs
- Retards sur le démonstrateur hybride de Daher : Difficultés techniques et de financement repoussant la mise en vol au-delà de 2026.
- Sous-mobilisation des ETI aéronautiques : Beaucoup restent cantonnées à des innovations incrémentales sans vision disruptive.
- Manque d’alignement européen : Peu de coordination avec les plans allemands et néerlandais, affaiblissant la cohérence de la filière continentale.
🔍🧩 Panorama des acteurs français
| Acteur | Rôle ou contribution principale |
|---|---|
| Airbus | Recherche propulsion hydrogène, avion zéro émission horizon 2035 |
| Safran | Turbomachines, moteurs hybrides, injection hydrogène |
| Blue Spirit Aero | Prototype Dragonfly électrique, vols tests réussis |
| Beyond Aero | Prototype Blériot à hydrogène léger |
| ONERA | Recherche amont sur aérodynamique et matériaux allégés |
| IRT Saint-Exupéry | Plateformes de test mutualisées pour les briques technologiques |
| DGAC / CORAC | Coordination réglementaire et prospective filière |
🌍 Concurrence internationale
| Pays | Projets équivalents | Atouts spécifiques |
|---|---|---|
| 🇩🇪 Allemagne | Projet Clean Sky 2 avec MTU et DLR | Co-financement public/privé, hydrogène liquide avancé |
| 🇺🇸 USA | Wright Electric, Universal Hydrogen, ZeroAvia | Accès au capital privé, agilité réglementaire FAA |
| 🇬🇧 Royaume-Uni | FlyZero, Rolls-Royce Electric | Leadership motoriste, roadmap hydrogène claire |
| 🇨🇳 Chine | Avions hybrides régionaux (projets COMAC) | Intégration verticale et fort soutien étatique |
Focus détaillé
- La stratégie du double front : La France mise à la fois sur les SAF pour une décarbonation à court terme et sur l’hydrogène comme rupture technologique à long terme. C’est une stratégie pragmaticque mais coûteuse.
- Le mur de la certification : Le plus grand défi n’est pas seulement technologique mais réglementaire. La certification d’un avion à hydrogène par l’EASA prendra des années et nécessite de définir des normes qui n’existent pas encore.
- Synergies avec l’hydrogène industriel : Le développement des e-carburants (produits avec de l’hydrogène vert) crée une demande qui justifie la construction de grands électrolyseurs, bénéficiant ainsi à l’objectif 2.
Verdict : probabilité de réussite (2030)
Diagnostic : La dynamique de R&D est forte et la filière est mobilisée. Cependant, l’objectif d’un « avion bas-carbone » en 2030 sera probablement atteint via les SAF et l’amélioration des moteurs existants. L’avion de rupture à hydrogène reste une perspective pour 2035-2040.
La tendance est stable, indiquant que les efforts actuels maintiennent le cap mais qu’une accélération est nécessaire pour atteindre les objectifs les plus ambitieux.
💡 Leviers d’accélération / recommandations
- Créer un démonstrateur de 20–70 places avant 2027 avec cofinancement public–privé.
- Renforcer la coordination franco-allemande sur l’hydrogène aérien.
- Accélérer la normalisation européenne des SAF et des architectures hybrides.
- Doter la filière d’un plan d’investissement pluriannuel sécurisé.
- Faciliter les essais en vol grâce à des corridors d’essai dédiés et allégés en contraintes.
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