Alerte N°11 - Cession d'Exaion, le triple renoncement Numérique, Energétique & Monétaire

Le Mécanisme en bref

Le groupe EDF (100% public) a validé la vente du contrôle majoritaire (64% immédiats, option à 75%) de sa filiale Exaion à l’américain Mara Holdings. Concrètement, Exaion fournit la puissance de calcul critique à des clients stratégiques (Industrie de défense, Banques, Laboratoires de recherche) pour développer l’Intelligence Artificielle, la simulation 3D et la blockchain. Au-delà de la transaction financière, ce transfert de propriété pose la question critique de l’application potentielle du droit US (Cloud Act), dont la neutralisation dépendra désormais de la robustesse des garde-fous juridiques négociés par l’État.

Décision Clé

  • DATE Annoncée le 11 août 2025 (Validation IEF en cours fin 2025)
  • OBJET Vente de 64% à 75% du capital d’Exaion pour env. 168 M$.
  • MÉCANISME Perte de contrôle capitalistique créant une exposition juridique potentielle au Cloud Act et à FISA 702 (Loi US autorisant la surveillance des étrangers sans mandat), un risque qui nécessitera des blindages contractuels d’une complexité extrême pour être maîtrisé.

Acteurs Publics

Sébastien Lecornu (Premier Ministre)

Nommé à Matignon en septembre 2025, il s’est engagé publiquement début novembre à « protéger Exaion », actant le caractère stratégique du dossier que ses services tentent désormais de sécuriser a posteriori.

Groupe EDF (Luc Rémont)

Privilégie une logique comptable de court terme (désendettement marginal) sur la vision industrielle, se délestant d’un actif « dual » (civil/militaire) mal identifié.

Bercy / Min. Économie

Accusé de défaut de vigilance initiale. Le contrôle IEF (Investissements Étrangers en France) a été activé tardivement après la mobilisation transpartisane (députés, experts cyber) déclenchée dès la fin août 2025 face aux risques de souveraineté.

Bénéficiaires

  • Mara Holdings (USA) : Un double gain stratégique Greenwashing (ESG) : Le mineur de Bitcoin « nettoie » son image polluante en utilisant l’électricité nucléaire d’EDF, ce qui est crucial pour attirer les investisseurs. Gain de temps (HPC) : Il met la main sur une infrastructure de Calcul Haute Performance (HPC) déjà opérationnelle en Europe, économisant 3 à 5 ans de construction.
  • La « Rente » des Intermédiaires (Estimée à 2,5 – 4 M$) : Banques d’affaires et cabinets d’avocats touchent généralement entre 1,5 % et 2,5 % du montant de la transaction. Cette enveloppe de plusieurs millions de dollars est conditionnée à la signature (« success fee »), créant une pression financière pour conclure vite, parfois au détriment de l’intérêt souverain.
  • L’État Fédéral US : Étend la portée de sa juridiction sur des données européennes sensibles.

Enjeux Stratégiques

1. Exposition Juridique (Cloud Act)

Risque juridique complexe. Si des pare-feux contractuels sont possibles, la nationalité de l’actionnaire majoritaire expose structurellement l’entité aux requêtes US. L’efficacité réelle de ces protections face à une injonction fédérale reste un sujet de débat intense parmi les juristes, fragilisant la promesse de souveraineté.

2. Sécurité Électrique (Smart Grids)

Exaion participe à l’équilibrage du réseau (effacement). Céder ce levier de pilotage crée un risque de dépendance opérationnelle en cas de tensions géopolitiques.

3. Guerre Monétaire

En cédant l’unique acteur public de minage, la France se prive d’un outil de couverture (« Bitcoin stratégique ») face à l’hégémonie future du dollar numérique.

4. Incohérence Géopolitique (Contexte Trump)

Au moment où l’administration Trump attaque frontalement l’existence de l’UE et les démocraties européennes, livrer un actif technologique souverain à la juridiction américaine est une faute politique incompréhensible et contraire à nos intérêts vitaux.

Risques Majeurs

Espionnage Économique « Légal » Les secrets industriels traités par Exaion (santé, énergie) pourraient devenir vulnérables aux procédures judiciaires américaines si le cloisonnement juridique et technique n’est pas absolu.

Renoncement Industriel Abandon de la construction d’un acteur souverain du calcul IA, reléguant la France au rang de simple consommateur de services US.

Facteurs d’influence

  • Stratégie du « Fait Accompli » : L’annonce au cœur du mois d’août n’est pas un hasard, mais une technique éprouvée pour contourner le débat parlementaire et l’opposition syndicale.
  • Dictature du Court-Terme : La dette colossale d’EDF sert d’alibi pour brader des actifs technologiques d’avenir (« bijoux de famille ») au profit d’une rentrée de cash immédiate mais dérisoire à l’échelle du groupe.
  • Défaillance de l’État Stratège : L’incapacité à structurer une alternative souveraine complexe (Consortium CEA, Naval Group, OVH) ou à consolider la filière européenne (Atos/Eviden), laissant le champ libre à l’acheteur américain faute de solution industrielle immédiate.

RECOMMANDATIONS DE VIGILANCE

Suivi Parlementaire

Exiger une commission d’enquête sur « La prédation des actifs numériques stratégiques » et l’audition des dirigeants d’EDF.

Contrôle I.E.F.

Demander à Bercy la publication des engagements (si existants) garantissant l’immunité face au Cloud Act.

Mobilisation

Diffuser l’info : « Votre facture d’électricité ne doit pas servir à miner du Bitcoin pour une entreprise américaine. »

« La vente d’Exaion à Mara Holdings n’est pas une simple transaction commerciale, c’est une faille structurelle dans la défense de nos intérêts. En livrant les clés de nos supercalculateurs à une entité soumise aux lois américaines, l’État français prend le risque calculé d’une dépendance durable, actant un déclassement industriel au moment même où la souveraineté numérique devrait être la priorité absolue. »

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