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Cet observatoire regroupe la totalité du système agricole et alimentaire, depuis la production primaire jusqu’à l’industrie de transformation. Il rassemble les indicateurs relatifs aux prix agricoles, aux volumes produits, aux rendements, aux coûts des intrants, ainsi qu’aux tensions d’approvisionnement qui affectent la chaîne alimentaire. Il intègre également les données sur la demande, la consommation, les flux commerciaux, et les effets du climat sur les productions. L’objectif est d’offrir une lecture claire et continue de la santé matérielle du système alimentaire, de ses vulnérabilités structurelles et de sa capacité à nourrir durablement la population, dans un contexte de volatilité croissante et de mutations rapides du secteur agroalimentaire.
Focus stratégique : agriculture & alimentation
La diplomatie des grains
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Russie : « L’arme du blé » confirmée
Avec une estimation de récolte atteignant 90 millions de tonnes pour la campagne en cours, la Russie consolidé son statut de superpuissance céréalière. Moscou confirme sa position de « faiseur de prix » sur les marchés internationaux. Cette domination à l’exportation confère au Kremlin un levier d’influence majeur sur la stabilité sociale des pays importateurs dépendants, notamment au Maghreb et au Moyen-Orient.
Source : SovEcon / USDA -
Politiques agricoles : la riposte américaine élargie
La guerre commerciale s’étend via des soutiens croisés complexes. Les États-Unis ont annoncé un paquet de 20 Md$ de soutien à l’Argentine, dont une partie vise son agriculture exportatrice, concurrençant paradoxalement les producteurs US de soja. En parallèle, Washington verrouille ses alliances asiatiques avec un engagement de Taïwan pour 10,4 Md$ d’achats agricoles américains jusqu’en 2029, illustrant l’usage de l’alimentation comme ciment diplomatique.
Source : FAO Agrifood Policy Highlights (Sept-Oct 2025) -
Tensions USA / Chine : l’arme du soja
Dans ce contexte, Pékin utilise ses commandes comme levier de pression. La Chine a repris massivement ses achats de soja américain (12,6 Md$ en 2024), une denrée représentant un quart de la production des fermiers US. Cette volatilité des commandes rend l’économie agricole américaine vulnérable aux humeurs politiques de son principal client.
Source : Challenges (Nov-Dec 2025) -
Brésil : l’alignement par le soja
La dépendance commerciale du Brésil à l’égard de la Chine atteint un niveau critique : 74 % des exportations brésiliennes de soja sont destinées au marché chinois. Cette « diplomatie du ventre » crée une interdépendance structurelle qui verrouille de facto l’alignement géopolitique de Brasilia sur Pékin, limitant les marges de manœuvre diplomatiques du géant sud-américain face à son premier client.
Source : Comex Stat (2025)
Vulnérabilités régionales
La sécurité alimentaire de la région repose sur un équilibre précaire : 82 % de la consommation de blé est importée. Cette dépendance extérieure extrême constitue un facteur de risque systémique pour la stabilité sociale des grandes capitales côtières, où le prix du pain reste le baromètre politique ultime et le déclencheur potentiel d’émeutes urbaines.
Source : FAO (2025)En début de période de soudure, les prix des céréales affichent une hausse de 25 % par rapport à la moyenne quinquennale. Le Global Report on Food Crises 2025 confirme que ces zones comptent parmi les foyers de faim aiguë les plus critiques. Dans ce contexte, l’accès à la nourriture devient le premier levier de recrutement pour les groupes armés, qui instrumentalisent la faim pour contrôler les territoires.
Source : PAM / FEWS NET / GRFC 2025Marchés agricoles
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Monde : record de blé en trompe-l’œil
La récolte mondiale de blé pour 2025/26 est attendue à un niveau record de 810 millions de tonnes, avec des stocks confortables. Cependant, ce chiffre global masque des disparités profondes : les prix mondiaux restent modérés, mais les flux sont menacés par des ruptures logistiques régionales, créant un fossé entre la « macro-résilience » mondiale et les « micro-sinistres » locaux.
Source : L’Opinion / FAO (Sept 2025) -
Riz : contre-choc et volatilité structurelle
Le marché mondial du riz connaît un retournement spectaculaire fin 2025. Après trois années de forte volatilité (+20 % entre 2022 et 2023), les cours se sont effondrés vers 360 $/t (plus bas depuis 2017) suite à la levée des restrictions indiennes. Cette détente soudaine soulage les importateurs africains mais fragilise dangereusement les marges des producteurs asiatiques concurrents (Thaïlande, Vietnam).
Source : Coface / USDA (Oct-Dec 2025)
Normes & logistique : l’Europe sous contrainte
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Sécheresses et paralysie fluviale (Rhin/Danube)
En 2025, le JRC (Bulletin MARS) documente des sécheresses persistantes en Hongrie, Roumanie et Bulgarie, plombant les rendements. De plus, les niveaux d’eau exceptionnellement bas sur le Rhin et le Danube ont contraint les barges à naviguer à moitié de leur capacité, renchérissant brutalement le coût d’export des grains et d’import des engrais, menaçant la compétitivité européenne.
Source : JRC MARS Bulletin (Nov 2025) / Global Agricultural Commodities -
Segmentation : vers un marché à deux vitesses
L’empilement des réglementations européennes (EUDR déforestation, CBAM carbone, Taxonomie) reconfigure le marché mondial. On assiste à l’émergence de contrats « EU-grade » pour les grains et oléagineux : une filière certifiée conforme avec prime pour l’Europe, et un marché standard pour le reste du monde, marginalisant les fournisseurs incapables de tracer leur production.
Source : Global Agricultural Commodities (Nov 2025)
Crise structurelle & sociale
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Premier déficit agroalimentaire depuis 50 ans
2025 marque un tournant historique : la France enregistre son premier déficit agroalimentaire depuis près d’un demi-siècle, après un excédent encore supérieur à 10 Md€ en 2022 puis ramené à 4,9 Md€ en 2024. Ce basculement comptable, confirmé par les Douanes, actent la perte de puissance exportatrice de la « Ferme France » et sa dépendance croissante aux importations.
Source : Douanes françaises / Reuters (18 novembre 2025) -
Souveraineté : le seuil critique des 20 %
La souveraineté alimentaire française s’effrite silencieusement. La part de l’alimentation importée atteint désormais environ 20 % en 2025, soit le double du début des années 2000. Ce chiffre, validé par le Haut Conseil pour le climat et le Haut-Commissariat au Plan, révèle la perte de parts de marché des producteurs nationaux sur leur propre territoire (fruits, légumes, volailles).
Source : Haut Conseil pour le climat / Le Figaro -
Mobilisation sociale de décembre 2025
La fin d’année s’embrase avec une mobilisation paysanne d’ampleur mi-décembre. Des blocages routiers se multiplient contre l’accord UE-Mercosur (crainte de +33 % d’imports de viande) et les mesures sanitaires jugées disproportionnées (abattage total des troupeaux) face à la dermatose nodulaire. Cette pression de la rue pousse Paris à exiger de Bruxelles un renforcement immédiat des clauses de sauvegarde, sans pour autant lever les inquiétudes de la base.
Source : Presse Quotidienne Régionale / France 24 (Dec 2025) -
Céréales & prix : l’effet ciseaux
Avec une récolte de blé tendre prévisionnée à 33,1 Mt, la France manque de volumes pour l’export. Simultanément, les prix s’effondrent sur d’autres cultures : la pomme de terre chute à 5 cts/kg faute de débouchés industriels, et le sucre touche un plus bas de 3 ans, prenant les exploitations en étau entre baisse des recettes et hausse des charges.
Source : Le Figaro / RNM FranceAgriMer
Transition écologique (SNBC)
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Objectifs 2030 : le défi de la transformation
La Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC) fixe des caps ambitieux pour la transformation du modèle agricole français à l’horizon 2030. Elle impose une réduction de 30 % de l’usage des engrais azotés, source majeure d’émissions de protoxyde d’azote, et vise une surface agricole utile (SAU) en agriculture biologique de 21 %, nécessitant une accélération forte des conversions.
Source : Le Figaro / SNBC (Dec 2025)
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Lactalis : condamnations et pression tarifaire
Le géant laitier traverse une zone de turbulences juridiques et réputationnelles. Condamné en Espagne le 16 octobre 2024 pour avoir orchestré un cartel anticoncurrentiel pendant plus de dix ans, le groupe ne relâche pas pour autant la pression en France. Il use de sa position dominante pour imposer une baisse unilatérale des tarifs d’achat (15 € pour 1,000 litres) aux éleveurs, accentuant la précarité d’une filière laitière déjà structurellement fragilisée.
Source : Challenges (Nov-Dec 2025) -
Nestlé : le grand désengagement stratégique
Fragilisé par la répétition de scandales sanitaires majeurs (bactéries E. coli dans les pizzas Buitoni, traitements illégaux des eaux minérales Perrier/Vittel), le groupe suisse opère un repli industriel drastique en France. Nestlé cède ou ferme des sites historiques comme Mousline, Herta et Buitoni pour se concentrer sur des segments à plus forte marge, ne conservant désormais plus que 14 usines sur le territoire national, avec un lourd impact social local.
Source : Challenges (Nov-Dec 2025) -
Danone : souveraineté locale au Sénégal
À contre-courant des logiques d’exportation, Danone renforce son ancrage ouest-africain via sa filiale « La Laiterie du Berger ». L’ouverture d’une seconde usine fin 2025 permettra de traiter 30,000 tonnes de lait local par an. Cette stratégie industrielle vise à sécuriser l’approvisionnement en circuits courts et à réduire la dépendance structurelle du Sénégal aux importations de poudre de lait, créant un modèle de souveraineté alimentaire régionale.
Source : Challenges (Nov-Dec 2025)
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