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Focus : Climat, Eau & Guerre Cognitive

1. Climat & Environnement : la rupture physique

Ce bloc documente les chocs physiques directs liés au climat : incendies, inondations, cyclones, pertes d’habitabilité. L’impact dépasse l’écologie : il touche les bases matérielles de l’économie, du crédit, et du contrat social.

  • Brésil : la « conquête par le feu » en Amazonie

    Le mois d’août 2025 enregistre un pic de destruction avec 3,500 km² de forêt brûlés. Ce phénomène dépasse la simple sécheresse : c’est un outil de « land grabbing » où le feu sert à changer le statut juridique de la terre (de forêt protégée à pâturage), marquant une souveraineté pyromane. Cette stratégie de la terre brûlée vise à étendre la frontière agricole avant toute régulation internationale plus stricte.

    Source : INPE (Août 2025)
  • Indonésie : bilan humain des inondations

    Les inondations majeures de mai 2025 ont causé la mort de plus de 1,000 personnes et déplacé 900,000 habitants. Cet événement illustre la vulnérabilité extrême de l’archipel face à l’intensification des phénomènes hydro-climatiques. Au-delà du drame humain, ces déplacements massifs désorganisent durablement les chaînes logistiques locales et la production agricole, créant des chocs d’approvisionnement régionaux.

    Source : Agence Nationale de Gestion des Catastrophes (Mai 2025)
  • Sri Lanka : dévastation par le cyclone Ditwah

    Le passage du cyclone Ditwah en mai 2025 a laissé un bilan lourd : 635 morts, 200 disparus et plus de 75,000 logements endommagés ou détruits. La paralysie de l’économie locale, déjà fragile, démontre l’incapacité des infrastructures vieillissantes à résister à des événements de classe exceptionnelle. Le coût de la reconstruction menace d’engloutir les maigres marges budgétaires de l’État.

    Source : Autorités locales (Mai 2025)
  • Caraïbes : l’inassurabilité climatique

    À l’approche de la saison des ouragans, les primes d’assurance habitation ont bondi de 35 %. Les réassureurs se retirent progressivement, rendant ces territoires économiquement « toxiques » et bloquant de facto l’investissement immobilier et touristique. Ce retrait du marché assurantiel préfigure un déclassement économique majeur pour les zones les plus exposées, transformant le risque climatique en risque de solvabilité.

    Source : Swiss Re (Avril 2025)

  • Fidji : le piège de la dette climatique

    L’archipel consacre désormais 18 % de son budget national uniquement au remboursement de la dette liée aux reconstructions post-cyclones. Cet engrenage financier supprime toute marge de manœuvre pour investir dans la santé ou l’éducation, créant une spirale de sous-développement forcé. C’est l’illustration parfaite du piège de l’adaptation : payer pour reconstruire à l’identique, sans jamais pouvoir financer la résilience future.

    Source : Fiji Ministry of Economy (Sept 2025)
  • Union Européenne : la facture de l’inaction

    Le coût du non-respect des lois environnementales est estimé à 180 Mds € par an, intégrant les impacts sanitaires et les dégâts climatiques. Parallèlement, 60 % des sols européens sont désormais classés comme dégradés, menaçant la sécurité alimentaire à long terme. Ce déficit de mise en œuvre réglementaire se traduit désormais par une perte de valeur économique directe, bien au-delà du seul enjeu écologique.

    Source : Commission Européenne / La Tribune (Oct 2025)
  • France : pollution de l’eau aux TFA

    Une analyse révèle la présence de TFA (polluants éternels) dans 92 % des échantillons d’eau potable. Un pic extrême de 25,000 ng/L a été mesuré à Salindres (Gard). L’administration recense désormais 1,230 « points noirs » de pollution sur le territoire. Cette contamination systémique pose la question du coût futur de la potabilisation, qui devra intégrer des technologies de filtration avancées (osmose inverse) extrêmement énergivores.

    Source : Enquêtes / Administration (Oct 2025)
  • France : le poids carbone de la Fast-Fashion

    Les seules commandes de la plateforme Shein à destination de Paris génèrent 295,000 tonnes de CO2 par an, un volume équivalent à plusieurs centaines de milliers d’allers-retours Paris-New York. Ce chiffre met en lumière l’impact carbone massif d’une consommation dématérialisée, où le fret aérien devient le maillon logistique standard pour des produits à très faible valeur ajoutée.

    Source : Études Impact Carbone (Sept 2025)
  • Monde : l’impasse du plastique

    La production annuelle de plastique atteint 450 millions de tonnes, mais le taux de recyclage stagne péniblement à 12 %. Une étude récente a identifié plus de 16,000 substances chimiques associées aux plastiques, dont une grande partie reste non réglementée. L’écart grandissant entre les volumes mis sur le marché et les capacités de traitement confirme l’échec des politiques actuelles d’économie circulaire.

    Source : Le Figaro / Libération (Août 2025)
  • Arctique : accélération de la fonte

    La perte de glace annuelle moyenne en Arctique atteint désormais 150 Gt, confirmant une tendance décennale lourde qui perturbe les courants océaniques et la régulation thermique globale. Cette fonte ouvre de nouvelles routes maritimes stratégiques mais déstabilise profondément l’albédo planétaire, accélérant en retour le réchauffement global par un effet de boucle de rétroaction positive.

    Source : Données Satellitaires (Oct 2025)

Les pollutions massives (TFA, plastiques, fast-fashion) révèlent un décalage entre les logiques de consommation globale et la capacité systémique à traiter les externalités. Ces signaux alimentent des risques systémiques invisibles, dont les coûts émergeront avec retard.

2. Eau & Hydraulique : la guerre des flux

Ce bloc cartographie les tensions hydriques : instrumentalisations géopolitiques, déséquilibres structurels, ruptures de souveraineté et effondrements logistiques. L’eau devient une variable géopolitique autonome.

  • Turquie : le robinet géopolitique de l’Euphrate

    Ankara instrumentalise sa maîtrise amont (barrages du GAP) : le débit vers l’Irak et la Syrie a été réduit à 300 m³/s (contre 500 m³/s nominaux). En plein été, cette restriction est un levier de pression sécuritaire direct sur Bagdad et les populations kurdes. L’eau devient une arme de négociation aussi puissante que l’artillerie dans une région où le stress hydrique exacerbe toutes les tensions politiques.

    Source : Ministry of Water IQ (Juil 2025)
  • Chine : le charbon résiste et les barrages montent

    Malgré l’essor des énergies vertes, la part du charbon dans l’électricité chinoise reste à 62 %. En parallèle, Pékin avance sur le projet de mégabarrage Yarlung Tsangpo (167 Md$), dimensionné pour être trois fois plus grand que les Trois-Gorges. Ce projet pharaonique sur le cours supérieur du Brahmapoutre inquiète vitalement l’Inde et le Bangladesh en aval, menaçant leurs débits agricoles.

    Source : Le Figaro (Août/Oct 2025)
  • Éthiopie : le GERD redessine le Nil

    Le Grand Barrage de la Renaissance (GERD), d’une capacité de 74 Mds m³, a été officiellement inauguré en septembre 2025. Il consacre la fin de l’hégémonie historique de l’Égypte sur le Nil, Le Caire étant désormais structurellement dépendant de la gestion des vannes à Addis-Abeba. Ce basculement oblige l’Égypte à réorienter massivement ses investissements vers le dessalement et le recyclage des eaux usées.

    Source : Les Echos (Sept 2025)
  • Maghreb : la « faillite hydrique »

    La région atteint un taux de prélèvement de 115 % sur ses ressources renouvelables, consommant ses réserves fossiles. Cette situation de surexploitation impose des arbitrages violents et imminents entre l’agriculture (80% des usages) et l’eau potable des villes. Le maintien de la paix sociale urbaine se fera probablement au prix d’une réduction forcée des surfaces irriguées et d’une hausse des importations alimentaires.

    Source : WRI / Banque Mondiale (Jan 2025)
  • Vietnam : le delta du Mékong salinisé

    La combinaison des barrages en amont et de la montée des eaux provoque une intrusion saline de 90 km dans les terres. Cette salinisation détruit le « bol de riz » national, forçant une migration climatique interne massive vers Ho Chi Minh Ville. L’adaptation n’est plus une option mais une urgence de sécurité civile pour éviter l’effondrement économique de cette région vitale.

    Source : ADB (Jan 2025)
  • Chili : la méga-sécheresse structurelle

    La zone centrale du pays subit sa 14ème année consécutive de sécheresse. Ce climat devenu semi-désertique contraint l’industrie minière (cuivre) à dessaler l’eau de mer et la pomper à 3,000m d’altitude. Cette solution technologique, bien que vitale pour l’économie, fait exploser les coûts énergétiques d’extraction et crée de nouvelles tensions sur le réseau électrique national.

    Source : DGA Chile (Sept 2025)
  • Jordanie : sous le seuil de survie

    Avec une disponibilité de seulement 60 m³/hab/an (le seuil de pénurie absolue est à 500), le royaume est en rupture de contrat social. Il dépend désormais entièrement de ses voisins (notamment Israël) pour la survie physique de sa population. Cette vulnérabilité hydrique extrême limite considérablement son autonomie diplomatique dans une région sous haute tension.

    Source : Banque Mondiale (Jan 2025)
  • USA : reprise des émissions

    Contre toute attente, les émissions de CO2 américaines affichent une hausse de 1.9 % en 2025, signalant une reprise de la consommation fossile. Parallèlement, 61 % de la population se déclare désormais directement affectée par le changement climatique, créant une dissonance cognitive majeure entre le ressenti citoyen des catastrophes et la réalité industrielle des émissions.

    Source : La Tribune (Sept/Oct 2025)
ZoneSignal critiqueConséquence stratégique
Jordanie60 m³/hab/anRupture souveraineté
Maghreb115 % prélèvementArbitrages eau/agri
Vietnam90 km selMigration interne
ÉthiopieGERD 74 Mds m³Perte contrôle Nil
Chine/IndeBarrage 167 Md$Déstabilisation région

3. Désinformation & Guerre Cognitive

Le climat est devenu un nouveau front de la guerre de l’information, utilisé pour fragiliser les sociétés occidentales. Le ministère des Armées a d’ailleurs commandé une étude sur ce sujet à l’Observatoire Défense et Climat.

  • La stratégie russe : le chaos à peu de frais

    Objectifs : La Russie utilise le climatoscepticisme pour affaiblir les démocraties européennes, soutenir ses exportations d’énergies fossiles et attaquer les intérêts européens en Afrique (en accusant l’écologie de freiner le développement du continent).

    Méthodes : Moscou s’appuie sur des réseaux existants pour amplifier la colère sociale. L’opération « Matriochka », identifiée par Viginum, usurpe l’identité de médias reconnus pour diffuser de fausses nouvelles.

    Exemple concret : En juin 2025, des députés français ont voté un moratoire sur les énergies renouvelables (annulé depuis) sur la base d’une infox. Celle-ci, amplifiée par des réseaux russes via un faux article de France 24, attribuait un black-out survenu en Espagne en avril 2025 aux énergies renouvelables, suggérant une crise énergétique due aux sanctions contre la Russie.

  • L’offensive américaine : le lobbying politique

    Acteurs : L’extrême droite américaine exporte son combat en Europe. Le Heartland Institute, un think tank proche de l’administration Trump, a ouvert un bureau en Europe en 2025 pour saboter les politiques climatiques de l’UE.

    Méthodes : Contrairement aux méthodes russes, les Américains opèrent à visage découvert via du lobbying direct auprès des eurodéputés (invitations en Floride, conférences). Le Copenhagen Consensus Center de Björn Lomborg participe également à cette dynamique au Parlement européen.

4. Diplomatie Climatique (COP30)

Belém (Brésil), Nov. 2025. Faible participation : Seule une soixantaine de chefs d’État étaient présents (moitié moins qu’il y a deux ans). Les États-Unis n’ont envoyé aucun émissaire de haut niveau. • Bilan climatique : La conférence s’est ouverte sur le constat que l’objectif de 1,5°C est dépassé. La trajectoire de réchauffement est désormais évaluée entre 2,3 et 2,5°C d’ici 2100.

  • Un accord « creux »

    L’accord final est qualifié de « consensuel et creux ». Il ne contient aucune cible chiffrée pour les énergies renouvelables et, point critique, aucune mention des énergies fossiles n’y figure.

  • Une adoption controversée

    La séance de clôture, le samedi 22 novembre 2025, a été marquée par un passage en force. Le président de la COP a abattu son marteau pour acter l’adoption du texte avant que les délégués latino-américains ne puissent prendre la parole pour protester contre l’absence de mention des énergies fossiles.

  • Résultats concrets : Forêts

    Le Brésil a poussé pour la création d’un Fonds de financement des forêts tropicales (TFFF), visant à collecter 125 milliards de dollars pour rémunérer les pays forestiers (comme la RDC ou l’Indonésie) pour leurs efforts de conservation. Le Brésil a réaffirmé son engagement d’éradiquer la déforestation illégale d’ici 2030.

Bascule Géopolitique

PuissancePosture COP30Statut
La ChineApparue comme le « bon élève ». S’impose comme la championne des technologies vertes et locomotive pour le Sud face à une Europe isolée.Leader
L’EuropeIsolée et minée par ses tensions internes et l’hostilité de Donald Trump (menace de droits de douane). Leadership climatique remis en cause par la puissance industrielle chinoise.Fragilisée
Les USAPolitique de la chaise vide. Aucun émissaire de haut niveau suite à la réélection de Trump. Offensive idéologique « MAGA ».Hostile
Les avancées notées
  • • Malgré tout, le multilatéralisme a tenu. Laurence Tubiana souligne que plus de 80 pays ont soutenu l’idée une feuille de route pour sortir des énergies fossiles.
  • • La COP a également été l’occasion de présenter des innovations, comme la plateforme d’IA Energy Atlas of Nature’s Solutions portée par l’université d’Oxford et la start-up française Asteria.
  • • Lutte contre la désinformation : Pour la première fois, ce sujet a été intégré aux négociations officielles. Emmanuel Macron y a dénoncé les « prophètes du désordre » menaçant les démocraties.

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